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Une petite musique peu favorable aux classes préparatoires

Plusieurs rapports publiés ces dernières semaines suggèrent de faire évoluer le modèle particulier des classes préparatoires. Ils conduisent enseignants et grandes écoles à s'interroger sur leur devenir, à quelques mois de l'élection présidentielle.

La Cour des comptes a préconisé de créer des collèges universitaires qui chapeauteraient les classes préparatoires.
La Cour des comptes a préconisé de créer des collèges universitaires qui chapeauteraient les classes préparatoires. (SYSPEO/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 10 déc. 2021 à 21:12Mis à jour le 13 déc. 2021 à 09:00

« Vous êtes tout ce que j'aime ! » lançait Jean-Michel Blanquer aux professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales lors de leur congrès, en 2019. Deux ans plus tard, le ministère de l'Education nationale inquiète ces enseignants qui redoutent des fermetures de classes et réclament un « moratoire ». L'inquiétude est palpable au-delà de la filière économique et commerciale. Car, de rapport en rapport, une petite musique se fait entendre, peu favorable aux classes préparatoires.

En novembre, l'inspection générale recommandait ainsi de « consolider [leur] adossement à la recherche et d'encourager la poursuite des activités de recherche des professeurs par leur association à un laboratoire de recherche ». « Une hypocrisie ! » s'étrangle le président de l'Association des professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales, Alain Joyeux. « Soyons sérieux : est-ce qu'en première ou deuxième année de licence, un étudiant fait de la recherche ? » lance-t-il, en glissant que « la quasi-totalité des enseignants de prépa sont agrégés et docteurs ».

Collèges universitaires

Quelques semaines plus tôt, la Cour des comptes était allée plus loin en préconisant de créer des collèges universitaires qui accueilleraient « l'ensemble des formations de niveau bac +2 ou 3, voire les classes préparatoires aux grandes écoles et les sections de techniciens supérieurs ». La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a écarté la proposition.

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Un rapport du Conseil d'analyse économique de début décembre critique, en creux, un gouvernement qui donne davantage aux étudiants de classes préparatoires qu'à ceux de première année de licence, en révélant « des écarts de coûts, qui varient dans un rapport de 1 à 4 entre une année de licence au coût moyen annuel de 3.700 euros et une année de classe préparatoire à 13.400 euros ».

Alain Joyeux regrette « des analyses à charge » et invite à calculer le coût des études sur cinq ans, car après les deux années de classes préparatoires, les étudiants paient leurs études dans les grandes écoles, souligne-t-il. Il dit ne « pas comprendre l'intérêt à attaquer ainsi un système où 95 % des élèves qui rentrent en classe préparatoire obtiennent un master 2 en cinq ans ».

« C'est un modèle unique qui a fait ses preuves, s'agace un ancien proviseur. Pourquoi avoir honte de la réussite ? » « S'il s'agit de dire que l'université n'a pas assez de moyens, on est tout à fait d'accord, reprend Alain Joyeux. Mais si ça consiste à casser un modèle qui fonctionne pour donner quelques subsides à un système qui, probablement, ne fonctionnera pas mieux avec les miettes récupérées sur les prépas, je ne vois pas l'intérêt. »

De « l'exception » à « l'anomalie »

Ce « modèle » permet à « un étudiant de milieu défavorisé qui aurait quelques difficultés de rattraper son retard à l'issue d'une prépa », souligne un fin connaisseur de l'enseignement supérieur. « Mais c'est le seul atout des prépas ». Et d'ajouter : « Vu ce qui s'est passé avec l'ENA , il est possible que, dans un deuxième quinquennat, Emmanuel Macron les supprime ou les intègre aux universités. Car, avec leurs associations de professeurs et des salaires plus élevés, c'est vraiment un Etat dans l'Etat. Les prépas ont un vrai fromage, tout le monde le sait, mais tout est habillé d'excellence. » Cette « exception française » pourrait, estime-t-il, « devenir une anomalie ».

Marie-Christine Corbier

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