Reprendre des études, s’orienter vers un autre métier, exercer sa profession différemment : plusieurs possibilités s’offrent aux titulaires d’un diplôme d’infirmier qui ne souhaitent plus travailler à l’hôpital. Ancienne infirmière, Anne-Sophie Minkiewicz, 35 ans, accompagne ces soignants en reconversion dans son cabinet de coaching spécialisé.
Pourquoi avez-vous rendu votre blouse d’infirmière ?
Diplômée en 2006, j’ai exercé comme infirmière pendant cinq ans. J’avais choisi ce métier pour apporter du réconfort aux patients. Mais j’ai constaté que nos conditions de travail étaient déshumanisantes, nous poussant à devenir maltraitants. J’ai abandonné alors que j’étais en pédiatrie dans un hôpital parisien. Un jour, on a dû annoncer à des parents que leur enfant de 6 ans n’en avait plus que pour quelques mois à vivre. Ils étaient dévastés. On leur a dit : « Ne bougez pas, on revient », et on a claqué la porte, en sachant très bien qu’on ne les reverrait plus jamais. Cette phrase, tout infirmier l’a déjà prononcée en sachant qu’il ne tiendrait pas sa promesse. C’était trop.
J’ai suivi un master en ressources humaines à l’université Paris-Dauphine, puis travaillé dans un cabinet de conseil en changement professionnel avant d’unir mes deux expertises. Je suis partie du constat que, quand on est infirmière, on prend soin des autres, mais personne ne prend soin de nous. J’ai monté Infirmière Reconversion en 2020, ça a marché tout de suite : nous avons accompagné 130 infirmiers en reconversion. Des jeunes qui sortent d’école comme ceux à qui il reste cinq années d’exercice et qui désirent une fin de carrière épanouie. Quand j’ai raccroché ma blouse, j’étais une paria. Aujourd’hui, certaines personnes qui, à l’époque, critiquaient mon changement de parcours sont en quête de conseils pour une reconversion…
Dans quels secteurs se reconvertissent majoritairement les jeunes infirmiers ?
Près de 40 % des infirmiers que nous accompagnons reprennent leurs études avec un master. Sur les 60 % restants, une moitié s’oriente vers d’autres professions – charcutier, psychologue, assistant vétérinaire, professeur de langue, épicier –, tandis que l’autre moitié continue d’exercer en tant qu’infirmier, mais en sortant du secteur hospitalier ou clinique : on peut être infirmier commercial, de rapatriement sanitaire, travailler à domicile ou encore en aéroport. On les aide à découvrir ces métiers dont on ne parle pas en cours d’études parce que les formateurs sont des produits bruts de l’hôpital et parce que les instituts de formation en soins infirmiers sont rattachés à des centres hospitaliers.
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