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Insertion des jeunes : la Cour des comptes met les pieds dans le plat

Les dispositifs d'insertion produisent des résultats modestes malgré un gros investissement financier, constatent les magistrats financiers dans un rapport publié ce mardi. Ils préconisent une profonde redistribution des rôles, notamment entre l'Etat et les régions.

La Cour des comptes préconise de confier aux régions un rôle prépondérant dans l'animation et le financement des Missions locales.
La Cour des comptes préconise de confier aux régions un rôle prépondérant dans l'animation et le financement des Missions locales. (Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA)

Par Alain Ruello

Publié le 14 déc. 2021 à 10:00Mis à jour le 14 déc. 2021 à 11:04

Risque de chômage deux fois et demie plus élevé que pour l'ensemble des actifs. Passage par l'intérim ou les CDD plus marqué. Intérêts de plus en plus opposés à ceux de leurs aînés… Cinq ans après un premier diagnostic critique , la Cour des comptes s'est repenchée sur les politiques publiques d'insertion des jeunes sur le marché du travail dans une note publiée ce mardi. Elle ne constate pas d'amélioration sensible malgré une enveloppe de 10 milliards par an, hors mesures exceptionnelles. Au point d'agiter une solution radicale en matière de partage de responsabilités entre l'Etat et les régions.

Le constat est sans appel : près de 700.000 jeunes de moins de 25 ans sont inscrits à Pôle emploi. Le taux de chômage des 15-24 ans frôle les 20 % et près de 10 % des jeunes sortent du système scolaire sans qualification chaque année.

Ciblage insuffisant

Les raisons de cet échec ? Ce sont un peu les mêmes que celles mises en avant dans le rapport de 2016 . Les démarches pour aller chercher les jeunes dits « invisibles » sont trop variables selon les territoires, malgré les avancées du Plan d'investissement dans les compétences (PIC) . Le ciblage entre les différents dispositifs est par ailleurs trop lâche, brouillant la frontière entre principaux réseaux, Missions locales et Pôle emploi principalement.

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La Cour insiste aussi sur le manque d'intensité de l'aide apportée aux jeunes, citant par exemple la baisse « préoccupante » du nombre d'actions d'accompagnement par jeune dans le cas des Missions locales. A ce titre, la création du Contrat d'engagement jeune, que vient de décider Emmanuel Macron, assorti de 15 à 20 heures de soutien par semaine , va dans le bon sens, à condition de nourrir ces heures.

Il y a surtout le manque de coopération entre les différents intervenants. « Près de la moitié des pays de l'Union européenne proposent un guichet unique, répondant à tous les besoins des jeunes », rappellent les auteurs de la note. La France n'en fait pas partie. Malgré les progrès constatés avec le plan « 1 jeune 1 solution » , la relation entre Missions locales et Pôle emploi demeure « aléatoire ».

« Si certaines améliorations […] sont possibles […] des progrès décisifs requerraient des réformes plus profondes dans la répartition des rôles entre les parties prenantes », affirme la Cour.

Pour cela, la note préconise une spécialisation des Missions locales sur la remobilisation du jeune et de Pôle emploi sur la recherche et le placement en emploi - ce qui n'est pas du tout l'orientation prise avec le Contrat d'engagement jeune .

Le second levier n'est pas plus crédible à court terme puisqu'il implique une redistribution des compétences en matière de formation des chômeurs, jeunes inclus. Il a au moins le mérite de mettre les pieds dans le plat.

Vraie fausse décentralisation

Partant du constat que l'Etat donne de plus en plus le « la » en la matière, comme en témoignent le PIC et le plan « 1 jeune 1 solution », Pôle emploi récupérerait cette compétence de moins en moins détenue par les régions, de même que celles liées à l'orientation et aux politiques de jeunesse. « Les transferts à opérer vers l'Etat seraient donc potentiellement importants », reconnaît la Cour des comptes.

Les régions, à l'inverse, joueraient un rôle prépondérant dans l'animation et le financement des Missions locales, ainsi qu'une place plus affirmée dans le pilotage régional de Pôle emploi.

Ce faisant, la Cour des comptes remet au goût du jour un débat ancien entre « jacobins » et « girondins ». Elle met en cause implicitement la trop grande indépendance des Missions locales. A l'approche de l'élection présidentielle , le big bang préconisé a de quoi faire réfléchir tous les candidats.

Alain Ruello

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