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La politique d’insertion des jeunes étrillée par la Cour des comptes

Près de 37 % des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation perdent le contact avec le service public ou tout autre organisme d’insertion. Bruno Levesque/IP3 PRESS/MAXPPP

DÉCRYPTAGE - Les sages critiquent des dispositifs qui ne sont pas assez ciblés vers les publics les plus en difficulté.

La Cour des comptes publie ce mardi un rapport sans détour qui critique ouvertement la politique menée par l’exécutif pour l’insertion des jeunes. Du fait, notamment, d’une myriade de dispositifs aux périmètres qui se chevauchent, l’accompagnement des jeunes «n’a pas encore permis une amélioration décisive de leur situation», et les résultats «demeurent modestes».

En conséquence, les sages de la Rue Cambon dessinent plusieurs pistes de progrès concrètes. Que le gouvernement, qui compte investir massivement pour aider les jeunes décrocheurs avec son nouveau contrat d’engagement jeune (CEJ), aurait tout intérêt à entendre pour ne pas faire de ce contrat une coquille vide et un gouffre financier sans aucune efficacité… L’exécutif veut en effet accompagner chaque année 500 000 jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet).

La première voie d’amélioration consiste à mieux cibler les publics concernés et à les orienter vers les dispositifs les plus adéquats. D’après les chiffres interministériels, près de 37 % des jeunes Neet - qu’on estime à plus d’un million chaque année - perdent le contact avec le service public de l’emploi ou tout autre organisme d’insertion. Pour autant, ce ne sont pas forcément eux qui entrent dans un parcours d’insertion. «Le profil des jeunes en dispositif d’accompagnement intensif ne se distingue pas véritablement de celui des autres jeunes suivis», détaille la Cour des comptes. D’où une nécessité de renforcer les efforts sur le repérage de ces décrocheurs.

Mieux garantir la qualité des parcours

Une autre piste d’amélioration consisterait à mieux garantir la qualité et l’intensité des parcours. Emmanuel Macron avait bien identifié ce problème, qui l’avait même fait hésiter, en octobre dernier, à lancer le contrat d’engagement. De fait, la cour a pu observer que le degré d’intensité de la garantie jeunes - dont s’inspire le CEJ - tend à baisser au fil du temps. Par exemple, entre 2018 et 2019, à Paris, le nombre d’actions d’accompagnement par jeune est passé de 19 à 15. Des phases qui constituent pourtant la clé de voûte de ce parcours. Car elles ont un impact,in fine, sur l’efficacité du dispositif.

Malgré des dispositifs nombreux, l’insertion professionnelle des jeunes demeure difficile dans notre pays et leur parcours vers l’emploi est incertain et heurté

Extrait du rapport de la Cour des comptes

Au niveau national, le taux d’emploi un mois après la sortie de la garantie jeunes est en baisse d’année en année. De 2015 à 2019, il est passé de 28,7 % à 23,9 %. La coopération entre les différents acteurs est, elle aussi, à revoir. D’autant plus au regard de nos voisins européens qui, en majorité, proposent un guichet unique permettant de répondre aux besoins des jeunes. «La bonne coopération au niveau local entre les réseaux de Pôle emploi et des missions locales demeure aléatoire», soulignent les sages. De surcroît, «les échanges d’informations sont insuffisants».

Pas de quoi rassurer, à trois mois du lancement opérationnel du contrat d’engagement. Toutefois, la Cour des comptes se félicite de l’ambition du gouvernement. Mais elle considère que «chacune des étapes du futur contrat d’engagement devrait être définie, inscrite dans un calendrier, et ses résultats évalués en tant que tels». «Seuls des programmes dont la qualité est ainsi avérée pourraient continuer à bénéficier des financements de l’État», conclut-elle.

La politique d’insertion des jeunes étrillée par la Cour des comptes

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1 commentaire
  • astronaute d'eau douce

    le

    Pauvre jeunes malheureusement nés en France, ici les "MNA" sont prioritaires et, d'après les journaux locaux bien pensants, s’intègrent a la société. Pas de bol; fallait voyer plus tôt :/

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