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La France buissonnière : Fière d’être bouchère

A la rencontre de la France ordinaire. Cette semaine, notre chroniqueur se rend au centre de formation en boucherie de Joué-lès-Tours, où exerce Stéphanie Hein, symbole d’une profession en voie de féminisation.

Publié le 19 décembre 2021 à 07h00, modifié le 16 mai 2022 à 12h12 Temps de Lecture 2 min.

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Stéphanie Hein, dans la chambre froide du laboratoire de boucherie du CFA de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire).

« Chaque fois que les femmes arrivent en masse dans une profession, la profession se déconsidère, se prolétarise », proférait Eric Zemmour, en 2006 déjà. On ne saurait que trop conseiller au polémiste d’extrême droite de faire la connaissance de Stéphanie Hein, 30 ans, formatrice au centre de formation d’apprentis (CFA) de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) en section boucherie – son métier.

« J’ai toujours aimé avoir les mains dans la tripaille »

Existe-t-il activité plus masculine que celle-ci, consistant à désosser, parer et découper des quartiers de viande ? Détrompez-vous ! Le métier se féminiserait à grands pas, d’après la branche professionnelle, qui, sans pouvoir fournir de chiffres, constate une forte poussée en ce sens dans les filières de formation. Membre également de l’équipe de France de la corporation, avec qui elle a récemment gagné un tournoi européen, Stéphanie Hein est un symbole de mixité à elle seule, version aloyau et épaule d’agneau.

« J’ai toujours aimé avoir les mains dans la tripaille », raconte-t-elle au milieu des labos réfrigérés du CFA, où elle travaille depuis 2016. Le virus l’a prise à l’âge de 12 ans, chez ses grands-parents maternels, petits paysans à El Jadida, au Maroc. Pas un été au bled ne se passait alors sans que l’enfant abatte elle-même une volaille – le couteau dans une main, les deux pieds posés sur les ailes et les pattes de l’animal. Ses parents, plus tard, veulent l’orienter vers « un métier qui se fait au chaud et pas trop dur physiquement ». Elle opte pour un BTS comptabilité avant de prendre conscience que « la compta, c’est quand même un peu statique ». Changement de cap. Et début des contrariétés.

« Bouchers graveleux »

Trouver une alternance en boucherie, « quand on est une demoiselle », n’est pas simple, à l’époque. Elle doit envoyer 250 lettres de candidature avant de se faire accepter par une chaîne de supermarchés, à Blois, ville où elle a commencé un CAP, qu’elle terminera, deux ans plus tard, comme major de promotion. Son chemin croisera ensuite celui d’un certain nombre de « bouchers graveleux » qui ne manqueront pas de lui rappeler qu’« une femme a surtout sa place en cuisine », ou qui la mettront au défi de retirer de son croc une cuisse de bœuf – 70 kilos au bas mot – pour la désosser en deux temps trois mouvements. Un autre patron, encore moins recommandable, lui donnera, tous les matins, du « Bonjour sale Arabe, ça va ? ».

« Les femmes sont sérieuses dans le travail, ce qui en fait des personnes très recherchées actuellement dans la profession »

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