Insertion des jeunes : la Cour des comptes critique des dispositifs mal ciblés et peu suivis

Dans une note publiée ce mardi, la Cour déplore par exemple que la prime à l’embauche exceptionnelle d’un apprenti - de 5000 à 8000 euros selon l’âge - ait été attribuée « sans considération du niveau de diplôme ».

La Cour déplore par exemple que la prime à l’embauche exceptionnelle d’un apprenti - de 5000 à 8000 euros selon l’âge - ait été attribuée « sans considération du niveau de diplôme ». (Illustration) LP/Delphine Goldsztejn
La Cour déplore par exemple que la prime à l’embauche exceptionnelle d’un apprenti - de 5000 à 8000 euros selon l’âge - ait été attribuée « sans considération du niveau de diplôme ». (Illustration) LP/Delphine Goldsztejn

    La Cour des comptes critique les dispositifs d’insertion dans l’emploi des jeunes, qui ne sont pas assez ciblés vers les plus en difficulté, et appelle l’Etat à veiller à la qualité de l’accompagnement dans le cadre du futur « contrat d’engagement ».



    Dans une note publiée ce mardi, la Cour déplore par exemple que la prime à l’embauche exceptionnelle d’un apprenti - de 5000 à 8000 euros selon l’âge - ait été attribuée « sans considération du niveau de diplôme ».

    Ainsi, le développement de l’apprentissage, avec des entrées passant de 289 000 en 2016 à 525 600 en 2020, « a eu lieu au prix d’un élargissement vers les niveaux de diplôme élevés ».

    « La part des bac+2 et plus est passée de 35% en 2016 à 56% en 2020. L’essentiel des nouvelles places créées a profité aux élèves capables de suivre un cursus long et a peu bénéficié aux publics vulnérables », souligne la Cour pour qui ce choix n’améliore « qu’à la marge l’insertion sur le marché du travail des jeunes les plus diplômés, au demeurant déjà bonne ».

    Par ailleurs, le profil des jeunes en dispositif d’accompagnement intensif ne se distingue pas véritablement de celui des autres jeunes suivis en mission locale ou à Pôle emploi, regrette-t-elle.

    « Le degré d’intensité de la Garantie jeunes tend à baisser »

    « Le choix de l’orientation vers la Garantie jeunes (ndlr, principal accompagnement pour les jeunes en difficulté accompagné d’une allocation de 500 euros) est souvent principalement guidé par la motivation du jeune et par ses difficultés financières, et non par l’ampleur objective des difficultés auxquelles il est confronté », constate la Cour.

    « De manière préoccupante », la Cour a pu observer que « le degré d’intensité de la Garantie jeunes tend à baisser ». « Son contenu réel apparaît peu suivi par les pouvoirs publics. En particulier, le nombre de journées de mise en situation professionnelle, phases qui constituent la clé de voûte de ce parcours, est parfois comptabilisé, mais peu exploité », note-t-elle.

    La Cour se félicite de la récente annonce de la mise en place du « contrat d’engagement » qui va remplacer la Garantie jeunes au 1er mars 2022 et prévoit le versement d’une allocation allant jusqu’à 500 euros contre une activité hebdomadaire de 15 à 20 heures.

    Mais elle considère que « chacune des étapes du futur contrat d’engagement devrait être définie, inscrite dans un calendrier, et ses résultats évalués en tant que tels ». « Seuls des programmes dont la qualité est ainsi avérée pourraient continuer à bénéficier des financements de l’État », estime-t-elle.

    « Une alternative à un suivi très rapproché par l’État serait de poser le principe d’un financement de Pôle emploi et des missions locales, et des autres intervenants (associations, prestataires), qui soit davantage en relation avec leur performance d’insertion dans l’emploi », juge-t-elle.