Le « ministre des écoles ouvertes » : Jean-Michel Blanquer n’a jamais aussi bien porté son surnom. Alors qu’une frange du corps enseignant et des professionnels de santé réclamaient non pas la fermeture des classes mais un report de la rentrée fixée au 3 janvier, le temps de voir si le variant Omicron mène à cette « désorganisation de la société » évoquée par le conseil scientifique, le gouvernement resserre les rangs autour de la « ligne Blanquer » : « Nous ne reporterons pas la rentrée », a fait savoir le premier ministre, Jean Castex, le 27 décembre, au terme d’une journée marathon rythmée par un conseil des ministres et un conseil de défense, en précisant qu’« il n’y aura pas de distanciel dans les collèges et lycées ».
Un point de gagné pour le bon élève de la Macronie ? Les courbes des contaminations en milieu scolaire diront, ces prochains jours, si le calcul opéré est le bon… ou pas. Mais, sur le terrain de l’école, à la veille d’une rentrée des classes jugée à risque, alors que le taux d’incidence des 6-10 ans frôle les 800 cas pour 100 000, des mots d’ordre d’« alerte sociale » et des appels à la grève ont commencé à circuler.
« A quoi servent les niveaux supérieurs du protocole sanitaire [il en compte quatre] si on ne les active pas quand la contagion parmi les enfants s’envole ? », s’interrogent, en nombre, les enseignants. Habitués à des changements de règle « le vendredi pour le lundi », beaucoup espéraient encore, à la veille de la Saint-Sylvestre, obtenir quelques précisions de leur ministre de tutelle. Elles sont venues, ce dimanche 2 janvier, du ministre de la santé : pour revenir en classe, le « recours pour les élèves potentiellement [cas] contact sera de trois tests consécutifs », a annoncé Olivier Véran, promettant une communication officielle de son homologue à l’éducation nationale ce lundi – jour de la rentrée. Les élèves positifs resteront soumis à un isolement de sept jours.
Invité de France Inter, le 28 décembre, Jean-Michel Blanquer avait ouvert la voie : les élèves du primaire où un cas positif au SARS-CoV-2 a été identifié pourraient bientôt devoir présenter « au moins deux tests [négatifs] à plusieurs jours d’intervalle », contre un seul actuellement, pour revenir en classe, annonçait-il alors. Il faudra bien en présenter trois : un test PCR ou antigénique suivi de deux autotests (à « J+2 » et « J+4 »), précise le « JDD ». Une déclaration sur l’honneur des parents viendra attester de la réalisation.
« Le sens de l’école »
Attentiste, M. Blanquer, lui que l’on a si souvent décrit comme un « bulldozer » ? Dans son essai Ecole ouverte, publié chez Gallimard en septembre, il se félicitait que l’épidémie nous ait « obligés à retrouver le sens de l’école ». Un trimestre plus tard, alors que deux variants déferlent sur le territoire, le ton se fait plus prudent.
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