Voilà un pronostic – peut-être l’un des seuls, à ce stade du calendrier – qui fait consensus entre enseignants, scientifiques et décideurs politiques : les absences des enseignants pourraient atteindre un niveau « inédit » d’ici à la fin janvier.
Face à la déferlante Omicron, le conseil scientifique s’est risqué durant ces vacances scolaires à une estimation : un tiers des professeurs « au moins » pourraient être touchés par le Covid-19 d’ici à la fin janvier, de manière « directe » ou « indirecte » (cas positif ou cas contact). L’instance chargée de conseiller le gouvernement dans ses décisions relatives à l’épidémie fait ainsi de l’école l’un des secteurs de la société possiblement « désorganisé » par l’envol des contaminations.
Les écoles, collèges et lycées peuvent-ils tourner avec un tiers des 800 000 enseignants en moins ? Au ministère de l’éducation, on communique avec prudence sur le sujet… mais pas sur l’enjeu : invité de France Inter, mardi 28 décembre, Jean-Michel Blanquer a reconnu un « risque d’absentéisme accru » parmi les enseignants.
Ces derniers auraient sans doute préféré que leur ministre de tutelle parle d’« absences » – ce « choix sémantique », très commenté sur les réseaux sociaux, passe mal au sein de la profession. Il n’empêche, de la base au sommet de la « maison éducation », l’inquiétude est partagée : au SNUipp-FSU comme au SE-UNSA, au SNALC comme au SGEN-CFDT, on redoute avec le rebond épidémique des « difficultés généralisées » de remplacement au-delà de la seule région francilienne, de Marseille ou de Montpellier, régulièrement concernées.
Mauvaise gestion des absences
Face à ces prévisions, que répond l’institution ? Dans le « JDD », ce dimanche 2 janvier, le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé les adaptations des règles de mises à l’isolement, face au variant Omicron. Le ministre de l’éducation devrait s’exprimer dans les heures qui viennent sur le sujet. « Nous déployons des moyens, notamment chez les vacataires [des contractuels] et les jeunes retraités de l’éducation nationale, soulignait M. Blanquer mardi 28 décembre. Notre objectif est de garantir la continuité pédagogique. » « Vieilles recettes », réagit-on sur le terrain de l’école : la Seine-et-Marne, faute de remplaçants volontaires, avait déjà lancé un appel en direction des professeurs retraités avant Noël. Sans que l’on sache, précisément, si ce territoire relevant de l’académie de Créteil a vu venir à lui des volontaires. Même chose en Normandie.
Mais dans les écoles, on y croit peu : « Revenir sur le front après 60 ans, en pleine épidémie, c’est l’inverse du bon sens », souffle un enseignant retraité. « Qui va accepter de s’exposer au virus pour un CDD de deux mois ?, interroge un autre. C’est la solution de dernier recours quand on n’a plus personne sous la main ; ça dit bien que le vivier de remplaçants est à sec, mais ça ne permettra certainement pas aux écoles d’encaisser la vague ! »
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