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Procès fictif : à Sevran, des collégiens dans la cour des grands

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Des élèves d’un établissement de Seine-Saint-Denis se sont préparés pendant plusieurs semaines à reconstituer une audience devant le tribunal pour enfants pour «extorsion aggravée». Une façon de mieux comprendre le fonctionnement de la justice et ses décisions.
par Chloé Pilorget-Rezzouk
publié le 2 janvier 2022 à 20h11

«Comment ça se fait que vous ayez choisi M. Jean-Pierre Candar pour le racketter ?» questionne le président, flottant dans sa robe noire trop grande, au-dessous de laquelle dépasse une paire de baskets blanches. «Moi-même je sais pas», répond nonchalamment le prévenu. «Avez-vous conscience des faits ?» insiste le magistrat d’une voix forcée vers les graves.

«Non.»

«Avez-vous des liens avec Kenza Dupont ?»

«Ouais, c’est ma pote !» fanfaronne le mis en cause dans une gouaille caricaturale.

Haut comme trois pommes, accoudé à la barre, Samir alias Antoine Dubois, déjà connu pour «un vol chez Sephora», fait le show. Un fou rire s’empare de la salle d’audience. Ce vendredi matin de décembre, le tribunal pour enfants juge un dossier de racket entre élèves du collège Joséphine-Baker. Le tout mêlé à un chantage au «nude» – un selfie dénudé. L’affaire : Jean-Pierre, 14 ans, s’est fait extorquer son iPhone 13 dans la cour de récré, après avoir été violenté et menacé avec un cutter par deux camarades, le 10 janvier 2020 – même si, comme le fera remarquer plus tard un élève, «Madame, c’est pas possible notre histoire, en fait, y avait pas d’iPhone 13 à l’époque». La victime a fait l’objet de sept jours d’incapacité totale de travail.

Un procès entièrement fictif, du nom de l’établissement scolaire aux motivations des mis en cause, et organisé en partenariat avec l’association de promotion du droit Jeunes et Citoyenneté, qui intervi

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