« Avant, mon fils était tout blanc. Maintenant, il est tout bronzé. » C’est ainsi que Jordi Ballart, historien de l’art, résume son déménagement, il y a quelques semaines, du 9e arrondissement de Paris vers Arles (Bouches-du-Rhône). Lui est originaire d’Espagne, sa femme, d’Italie : « Paris nous a beaucoup apporté, mais au bout d’un moment la Méditerranée nous manquait. » Plusieurs confinements en appartement à Paris ont fait le reste. « A l’arrivée du Covid, on a commencé à réfléchir au sens que cela avait de vivre dans une ville aussi dense, aussi chère. On s’est dit que c’était le moment de partir. »
Le fils de Jordi Ballart compte parmi les 6 000 écoliers parisiens qui manquaient à l’appel en cette rentrée 2021, auxquels s’ajoutent 900 collégiens. Un « effet Covid indiscutable », assurent de concert la Mairie de Paris et le rectorat. La tendance à la baisse était forte depuis une décennie, sous l’effet combiné de la hausse des prix des logements et d’une baisse de la natalité. « Mais on voit bien que le Covid a provoqué une accélération, insiste Antoine Destrés, le directeur de l’académie de Paris. Entre 2015 et 2019, on perdait entre 2 000 et 3 000 élèves par an, et proportionnellement plus en maternelle qu’en élémentaire. En 2020, ils étaient déjà plus nombreux, autour de 3 700… »
Le pic de septembre paraît cependant exceptionnel à la communauté éducative parisienne, où Mairie et rectorat estiment que la rentrée 2022 devrait retrouver un cours « normal » : autour de 2 000 à 3 000 élèves en moins.
Dans les académies franciliennes de Versailles et Créteil, la rentrée 2021 a également vu une baisse des effectifs. « Chez nous aussi, les écoles se vident, rapporte Catherine Da Silva, directrice à Saint-Denis et responsable départementale SNUipp-FSU. Depuis le confinement, les familles cherchent à partir des cités vers les pavillons, ou plus loin dans la banlieue résidentielle. »
Sorties quotidiennes à la plage
Les enfants sont plus nombreux à avoir quitté Paris au moment de leur entrée dans les classes « charnières », le CP et la 6e – où l’on compte 550 élèves en moins, sur les 900 collégiens ayant quitté la capitale. Les familles qui choisissent de partir semblent attendre la fin d’un cycle pour se décider.
« Dans les crèches, en revanche, la demande est stable, souligne Patrick Bloche, adjoint chargé de l’éducation à la Mairie de Paris. Les familles continuent à avoir des enfants à Paris, où elles bénéficient d’un réseau de santé de qualité. C’est au moment de l’entrée à l’école que les gens partent. » Les fratries qui comptent des lycéens, elles, ont tendance à rester, comme le montre le nombre stable d’élèves de cette tranche d’âge. Une décision sans doute en lien avec « l’offre attractive des lycées » de la capitale, indique le rectorat.
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