Patrick Drahi doit se frotter les mains. Sotheby’s, la maison de vente que l’homme d’affaires franco-israélien a rachetée en 2019, a pris l’ascendant sur le marché parisien, avec un bilan record de près de 500 millions d’euros en 2021, dont 424 millions pour les ventes publiques. A son crédit, plusieurs mannes : l’ensemble de sculptures de Claude et François-Xavier Lalanne vendu par leur fille, qui à lui seul représente près de 20 % de son bilan, comme la succession du couturier Karl Lagerfeld, dont les deux volets dispersés à Monaco et Paris ont engrangé plus de 18 millions d’euros. Sotheby’s a même réussi l’impensable, à savoir souffler à Christie’s la vente des Hospices de Beaune, dont elle avait le monopole depuis quinze ans.
L’écurie de François Pinault finit néanmoins l’année au coude-à-coude, avec 420,7 millions d’euros pour les ventes publiques et une progression de 88 % par rapport à 2020. « C’est notre meilleure année depuis la vente Bergé-Saint Laurent en 2009 », se félicite Cécile Verdier, présidente de Christie’s France. A son palmarès figure notamment la mirifique collection d’art africain de Michel Périnet, adjugée pour 66 millions d’euros en juin.
La croissance est nettement plus modeste chez Artcurial, qui boucle la saison avec 169 millions d’euros, soit une hausse de 13 %. « On a perdu 30 millions à 40 millions d’euros à cause de l’annulation de Rétromobile en février et du Mans Classique à la suite de la pandémie », justifie son PDG, Nicolas Orlowski.
Coup d’accélérateur
Derrière les mastodontes, l’ensemble des maisons de vente affichent une croissance à deux chiffres. Ainsi d’Aguttes, qui, avec 77,2 millions d’euros, décroche son meilleur résultat depuis… 1974. « Je ne pensais vraiment pas pouvoir réaliser un score pareil aussi rapidement », s’étonne de son côté Alexandre Millon, qui totalise 81,7 millions d’euros, dont 6 millions dans sa filiale en Belgique. Tajan aligne, pour sa part, 46,2 millions d’euros, soit près du double de 2020, tandis que Piasa engrange 43 millions d’euros, en hausse de 65 %. Ader, enfin, poursuit sur sa lancée, avec un bilan record de 40 millions.
Le potentiel parisien est tel que la maison britannique Bonhams a installé son siège européen dans la capitale française. Spécialisé dans une gamme intermédiaire d’objets de 1 000 à 1 million d’euros, l’établissement détenu par le fonds d’investissement Epiris, n’y organisait habituellement qu’une vente annuelle d’automobiles de collection. Il y a eu un coup d’accélérateur en 2021 avec dix-neuf vacations, dans diverses spécialités, qui ont totalisé 22 millions d’euros. « Notre objectif est d’en organiser une trentaine en 2022 », précise son directeur général, Patrick Masson.
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