«Madame, les harkis, ce sont des vendus ?» Il peut être difficile d’être descendant de ces ex-supplétifs algériens enrôlés dans l’armée française pendant la guerre (1954-1962). Elève en classe de terminale professionnelle au lycée Maurice-Genevoix de Marignane, près de Marseille, Salim, 16 ans, n’en démord pas : «Moi, mon grand-père, il était du côté du FLN [Front de libération nationale, ndlr]. Et il m’a dit que les harkis, c’est des traîtres.» Seul Enzo, survêt bleu électrique, baskets acier, ose le contredire. «Ton grand-père, il aurait pu être du côté des harkis, tu sais pas frérot !» Valérie Durey, leur professeure d’histoire-géo, vingt-cinq ans devant le tableau, confirme que ce chapitre sur le conflit est toujours «difficile à aborder».
«Cette histoire est totalement méconnue des Français», soutenait le 18 novembre à l’Assemblée la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, Geneviève Darrieussecq. Elle précisait travailler avec le ministre de l’Education nationale pour «sensibiliser davantage les professeurs […] afin qu’ils puissent transmettre cette histoire à leurs élèves», lors de l’examen du projet de loi de «reconnaissance et de réparation» envers les harkis. Mercredi, la commission des affaires sociales d