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Les PME innovantes de la musique sortent de l'ombre

En retard sur leurs homologues anglo-saxons, les entreprises innovantes du secteur musical français tentent de s'organiser en filière. Leur objectif : tirer parti de l'explosion de la consommation de musique dans le monde, et permettre aux champions de rester sous pavillon national.

Une étude menée fin 2020 par le Centre national de la musique (CNM) a dénombré plus de 550 entreprises innovantes.
Une étude menée fin 2020 par le Centre national de la musique (CNM) a dénombré plus de 550 entreprises innovantes. (Shutterstock)

Par Guillaume Roussange

Publié le 10 janv. 2022 à 12:48

Son innovation a fait grand bruit. Il y a quelques semaines, Triangle, le fabricant d'enceintes basé à Soissons (Aisne) - bien connu des mélomanes - a lancé l'AIO twin, le dernier-né de ses gammes, fruit de cinq années de développement. Le résultat : une enceinte haute-fidélité sans amplificateur, capable de diffuser des flux audio en très haute résolution depuis un smartphone, mais aussi de se connecter à une platine vinyle ou à un système vidéo.

« Avec ce produit, notre objectif est de séduire une clientèle plus jeune, avec de nouveaux usages. Nous finalisons d'ailleurs un autre modèle encore plus haut de gamme, vendu aux alentours de 2.000 euros, qui sortira d'ici douze à dix-huit mois », annonce Hugo Decelle, PDG de Triangle. Grâce à ses innovations, l'entreprise, fondée dans les années 1980, a doublé son chiffre d'affaires en deux ans, soit 8 millions d'euros cette année, réalisés pour 60 % à l'international.

Rendre audible le savoir-faire français

L'exemple de Triangle illustre le savoir-faire historique français en matière d' innovation musicale . Avec un bémol toutefois : la filière, fragmentée entre des acteurs aux profils très différents - du facteur d'instrument au fournisseur de matériel pour concerts, en passant par les créateurs de plateformes de podcasts ou les spécialistes des algorithmes de recommandation - peine à se structurer.

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C'est pour leur permettre de se mettre au diapason que des professionnels ont lancé, en 2020, l'association Music Tech France (MTF). Son credo ? Faire reconnaître le savoir-faire français à l'international et rattraper le retard pris par l'Hexagone dans la course à l'innovation musicale. « En France, longtemps la musique a été associée à la culture, sauf que c'est aussi un business pour lequel on a plus que jamais besoin de prestataires de très haut niveau », analyse Jean-François Bert, président de Music Tech France, qui regroupe aujourd'hui 80 adhérents générant 50 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Un secteur qui va crescendo

« Une étude menée fin 2020 par le Centre national de la musique (CNM) a dénombré plus de 550 entreprises innovantes, mais nous savons que l'écosystème est plus large, nous devrons en faire la cartographie », poursuit le responsable. Les enjeux financiers ne sont pas minces. En France, le seul marché de l'enregistrement et de l'écoute pèse près de 620 millions d'euros, dont la moitié désormais réalisée grâce au numérique, au streaming.

Selon Goldman Sachs, le marché mondial de la musique, hors spectacle vivant, devrait bondir de 90 milliards de dollars aujourd'hui, à 131 milliards de dollars en 2030. « L'objectif est de capter une partie de cette valeur pour les entreprises françaises du secteur, mais aussi pour les artistes », insiste quant à lui Emmanuel Delamarre, directeur de Plaine Images, l'incubateur dédié aux industries créatives dans les Hauts-de-France. La structure, qui travaille en partenariat avec MTF, a lancé un programme d'animation de la filière et d'accompagnement des porteurs de projets.

Pépites nordistes

Dans la métropole lilloise, une quinzaine de start-up ont déjà émergé. Avec à la clé quelques beaux succès, tels que celui de Bleass, qui a développé l'algorithme d'EõN, l'application de « musique infinie » créée par Jean-Michel Jarre . Ou encore Music Story, qui s'est hissé tout en haut des charts de la gestion de métadonnées, indispensables pour l'amélioration de l'offre des plateformes de streaming comme Deezer ou Qobuz. Aujourd'hui basée à Villeneuve-d'Ascq, Music Story réalise la moitié de son chiffre d'affaires (1,2 million d'euros) aux Etats-Unis.

« Le streaming a sauvé l'industrie musicale, qui avait beaucoup souffert avec le piratage. Aujourd'hui, le potentiel de développement est très important », témoigne Jean-Luc Biaulet, fondateur de Music Story, lui aussi très impliqué au sein de MTF. L'entreprise lorgne déjà d'autres relais de croissance, grâce à des plateformes comme TikTok ou au monde du jeu vidéo.

« Toute la chaîne de valeur est présente en France. Il faut pousser les entreprises à se développer à l'international. Ainsi, nous éviterons peut-être que des pépites finissent dans le giron de groupes internationaux, comme cela fut le cas avec Niland, le spécialiste des algorithmes de recommandation, racheté par le suédois Spotify », estime Jean-Luc Biaulet.

Guillaume Roussange (Correspondant à Amiens)

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