Comment le Pass Culture veut cultiver les jeunes de la 4ème à la Terminale
Ancrer davantage les pratiques culturelles dans les habitudes des adolescents, c'est l'ambition du Pass Culture qui élargit son champ. Jusqu'ici réservé aux jeunes de 18 ans, le sésame s'ouvre aux 15-17 ans ainsi qu'à tous les élèves de la 4e à la terminale.
Par Martine Robert
Dispositif cher au Président de la République, le Pass Culture, généralisé à tous les jeunes de 18 ans en mai 2021, s'étend depuis ce 10 janvier aux 17 ans. Puis le 20 janvier ce sera le tour des 16 ans et enfin le 31, celui des 15 ans. « De quoi accompagner ces adolescents sur la durée pour élargir leur territoire culturel au-delà de leurs centres d'intérêts premiers », explique Sébastien Cavalier, le président du Pass Culture.
Alors que les 18 ans bénéficient d'un crédit de 300 euros, les 16 et 17 ans recevront 30 euros et les 15 ans, 20 euros, l'idée étant plutôt d'initier de bonnes pratiques.
4 millions de jeunes fin 2022
Environ 850.000 jeunes de 18 ans sont déjà inscrits sur l'application dont l'objectif est de « former des citoyens éclairés à des pratiques culturelles diversifiées », poursuit Sébastien Cavalier, qui a pu se rôder précédemment à la direction culturelle de la Ville de Marseille. D'ici la fin 2022, 4 millions de jeunes devraient être concernés.
Si 55 % des dépenses effectuées via le Pass concernent des livres contre 16 % pour le cinéma, cela s'explique entre autres parce que les librairies sont restées plus ouvertes par temps de Covid. « Les mangas ne représentent que 35 % des réservations de livres et 15 % des dépenses du Pass, contrairement aux idées reçues. Et 60 % des jeunes adeptes des mangas achètent autre chose », précise le Président du Pass.
165.000 références de livres
Pas moins de 165.000 références différentes ont en effet été acquises : BD, romans, livres universitaires, ouvrages sur la mode, la cuisine, le développement personnel… Les jeunes sont obligés de venir les retirer en librairie. Pour Régine Hatchondo, présidente du Centre National du Livre (CNL), « le Pass peut changer la donne de la lecture chez les jeunes, alors qu'on les perd un peu plus chaque année ».
D'autant que l'élargissement du Sésame aux 15-17 ans va de pair avec les 45 millions d'euros octroyés cette année aux établissements scolaires publics et privés sous contrat, de la 4ème à la Terminale, pour des actions éducatives et culturelles (25 euros par élève en 4ème et 3ème, 30 euros en Seconde, et 20 euros en Terminale). Le CNL a ainsi passé un partenariat avec le Pass pour des « master classes » données par 250 auteurs dans les collèges et lycées. « Nous voulons rendre les auteurs bien vivants pour les élèves, les inscrire dans leur quotidien » insiste encore Régine Hatchondo.
Financement public
Après les 122 millions d'euros injectés en 2021 dans le Pass Culture, 244 millions y sont affectés pour 2022 (199 millions du ministère de la Culture et les 45 du ministère de l'Education) dont 5 % pour couvrir le fonctionnement, 5 % l'investissement, et 90 % pour rembourser à 80-90 % les offres culturelles consommées.
Censé être financé à 80 % par les acteurs privés à l'origine, le dispositif est devenu un outil de politique culturelle couvert à 90 % par la sphère publique. Les seules contributions privées sont les offres en nature des plates-formes du type OCS ou Canal +.
En revanche, le Pass Culture, géolocalisé, a permis de valoriser l'offre de proximité foisonnante « liée au réseau français unique de salles, librairies, cinémas, musées, festivals », se félicite Sébastien Cavalier qui s'appuie aussi sur les missions locales pour l'emploi, les écoles de la deuxième chance, les chambres des métiers, les réseaux de l'apprentissage…
L'enjeu des prochains mois va être d'éditorialiser plus encore les offres et de peaufiner l'algorithme . « Un jeune qui consomme des mangas, nous n'allons pas lui proposer directement des places d'opéra, mais plutôt des offres autour de la culture japonaise par exemple. Il faut traiter ces jeunes en VIP et tenir nos promesses afin qu'ils nous fassent confiance », note ce professionnel à la tête de 100 personnes, contre 35 fin 2020.
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