La « continuité pédagogique », le nom donné par l’éducation nationale à l’enseignement à distance en temps de Covid-19, est-elle devenue un principe sans traduction concrète sur le terrain ? Certains, dans la communauté éducative, le dénoncent : avec des absences perlées liées à la circulation du SARS-CoV-2, les effectifs varient dans les classes depuis la rentrée de janvier, parfois même sur une demi-journée – puisque chacun devait, jusqu’ici, se faire tester en pharmacie dès la déclaration d’un cas positif de Covid-19 dans son entourage.
Lundi 10 janvier, le premier ministre, Jean Castex, a cependant annoncé l’abandon du test PCR ou antigénique le jour de la révélation du cas contact : à la place, les élèves réaliseront trois autotests, expliquait-il au « 20 heures » de France 2 lundi soir. Une décision qui devrait réduire l’attente des élèves et enseignants avant de pouvoir retourner en classe.
Cette annonce va-t-elle pour autant simplifier l’organisation de l’école à distance ? Dans un contexte d’explosion du nombre de cas positifs – plus de 300 000 par jour – les flux d’élèves et les absences d’enseignants vont continuer à varier d’un jour à l’autre. Il semble toujours difficile de tenir cet engagement pris en mars 2020, aux premières heures du confinement, par le ministre de l’éducation nationale. Il est pourtant toujours prévu, officiellement, en cas d’isolement pour cause de Covid-19.
« Cela fait deux ans que ça dure », s’agace Manuella Delbecq, élue de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) d’un collège de Montpellier classé REP +, dont le fils a raté plusieurs mois de cours de français – le Covid-19 a mis une pression trop forte sur le vivier de remplaçants. « Si les parents ne harcèlent pas le collège, il ne se passe rien, dénonce-t-elle. C’est comme si on recommençait une nouvelle crise sanitaire à chaque vague, sans avoir rien appris de la précédente. »
Le fils de Barbara, scolarisé en 5e dans le même établissement, a envoyé un mail « à tous ses profs » avant les vacances, alors qu’il était cas contact d’un camarade et « isolé » pendant une semaine. « Seuls deux lui ont répondu, dont un qui a mis des choses sur l’espace numérique de travail (ENT) et un autre qui lui a dit de voir avec un copain pour récupérer les cours, rapporte-t-elle. Chez nous, c’est ça, la continuité pédagogique. »
« Ils ne savent pas où donner de la tête »
A la rentrée de janvier 2022, le fils de Barbara a passé plusieurs contrôles, dont un qui ne s’est pas bien passé. « On a eu beau organiser des révisions à la maison, il a raté des choses », regrette-t-elle, sans pour autant jeter la pierre aux enseignants. « Certains sont plus engagés que d’autres, comme c’était le cas pendant les confinements », observe Barbara, avant de nuancer : « Le collège est tellement débordé qu’ils ne savent plus ou donner de la tête. »
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