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Le CPF, terrain de chasse des escrocs

Créé en 2015, le compte personnel de formation fait l’objet d’une campagne massive de sollicitations par téléphone ou SMS, derrière laquelle se glissent arnaques, ventes forcées et entreprises peu scrupuleuses.

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Publié le 13 janvier 2022 à 14h00, modifié le 14 janvier 2022 à 07h18

Temps de Lecture 7 min.

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« Urgent : vous allez perdre vos droits CPF. Réclamez votre formation 100 % prise en charge. » Des millions de Français ont reçu, ces derniers mois, ce SMS ou une de ses variantes, quand ce ne sont pas des appels d’opérateurs se réclamant d’agences officielles, qui poussent les salariés à choisir de toute urgence une formation. Sous peine, affirment-ils à tort, de perdre leurs droits accumulés.

Derrière ces sollicitations, le plus souvent effectuées à partir de listings de coordonnées achetés en gros, se cachent des escroqueries, visant à mettre la main sur le trésor de guerre que constitue le compte personnel de formation (CPF). Depuis 2015, ce dispositif a remplacé le droit individuel à la formation (DIF), souvent méconnu du grand public. Plus simple, plus accessible, le CPF offre à toute personne de plus de 16 ans ayant une activité professionnelle un crédit renouvelable – directement comptabilisé en euros depuis 2019 – pour souscrire une formation en quelques clics depuis à plate-forme officielle Mon compte formation.

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L’esprit du projet était vertueux, regrette Michel Clézio, président du Syndicat national des organismes de formation (Synofdes) : « La loi voulait donner plus d’initiative aux individus, en dehors de leur statut », en permettant à chaque salarié de choisir sa formation indépendamment de son entreprise. Mais l’Etat a peut-être, selon lui, « voulu aller un peu vite » et n’a pas mesuré l’« effet d’aubaine » créé par ce nouveau dispositif pour des acteurs peu scrupuleux. Un secteur entier est né de ce nouveau CPF, aux pratiques des plus douteuses.

« 16 millions d’euros de fraude »

L’arnaque peut être du vol pur et simple, avec le piratage du compte CPF d’un salarié pour siphonner son crédit. Les escrocs récupèrent les informations nécessaires, comme le numéro de Sécurité sociale, puis indiquent une formation bidon, et encaissent les bénéfices. Franck (les personnes qui témoignent n’ont pas souhaité donner leurs noms), qui travaille dans l’informatique, a ainsi découvert en se connectant début 2021 à son compte « que deux formations en anglais avaient déjà été débitées (…), une adresse e-mail contenant [son] nom et prénom a été utilisée mais ce n’est pas du tout la [s]ienne. Je n’ai jamais fait ces formations. » Les escrocs ont pu créer un nouveau compte à son nom pour siphonner ses crédits formation, versés à une société prétexte.

La Caisse des dépôts et consignations (CDC), chargée d’administrer le dispositif du CPF, évoque « 14 300 comptes concernés et 16 millions d’euros de fraude ». Un chiffre à mettre en perspective avec les « 3,4 millions de formations » dispensées depuis 2019. L’institution a porté plainte contre 35 entreprises répertoriées comme organismes de formation et susceptibles de se livrer à ce type d’arnaques. Mais pour Michel Clézio, ces chiffres ne pourraient être que la part émergée d’un iceberg de fraudes : « Les gens ne vont pas sur leur compte CPF comme sur un compte en banque, les dégâts, on va les découvrir progressivement. »

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