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Les priorités du nouveau patron de Sciences Po

Le nouveau directeur de Sciences Po, Mathias Vicherat, a dévoilé vendredi les grandes lignes de sa stratégie. Il entend notamment « généraliser » l'apprentissage et augmenter le nombre d'enseignants permanents de 30 % d'ici à cinq ans.

Le nouveau campus du 1, Saint-Thomas sera inauguré le 28 janvier prochain.
Le nouveau campus du 1, Saint-Thomas sera inauguré le 28 janvier prochain. (Franck FIFE/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 15 janv. 2022 à 10:29Mis à jour le 16 janv. 2022 à 16:26

Arrivé à la tête de Sciences Po il y a tout juste deux mois, Mathias Vicherat entend « apaiser » l'établissement, après les turbulences des mois passés. « Tout le monde a envie de retrouver un nouveau souffle », a souligné vendredi le nouveau directeur, en dévoilant les grandes lignes de sa stratégie.

Cela passera d'abord par une grande consultation des personnels, qui n'avait pas été conduite depuis 2011. Elle sera l'occasion de faire le point sur les conditions de travail. Mais Mathias Vicherat compte aussi s'en servir pour « dessiner Sciences Po dans un cadre négocié et partagé ».

Pour faire face à la concurrence étrangère et mériter l'appellation d'université mondiale de recherche , Sciences Po entend augmenter le nombre d'enseignants permanents de 30 % d'ici à cinq ans. Ils sont aujourd'hui 260, auxquels s'ajoutent 4.600 vacataires. « Cette évolution, c'est le cours de l'histoire », assure Mathias Vicherat , qui met en regard les 1.000 enseignants permanents de la London School of Economics.

« Une logique de bonus-malus »

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Mais comment financer les postes supplémentaires ? Le directeur l'a redit, il « ne souhaite pas augmenter les droits d'inscription en dehors de l'inflation ».

Concernant les relations financières avec l'Etat - un tiers du budget provient des subventions publiques -, il en appelle à « une discussion pluriannuelle sur une logique de bonus-malus », qui s'inspire de ce que vient de proposer Emmanuel Macron : « des objectifs seraient fixés à Sciences Po et une subvention serait modulée en fonction de l'atteinte des objectifs ».

Il voit aussi une source de revenus potentiels dans le nouvel Institut national du service public (INSP) qui va succéder à l'ENA. « L'INSP aura assez peu d'enseignants permanents, nous avons déjà des offres sur étagère que nous allons proposer », indique Mathias Vicherat en évoquant « des premiers contacts ».

L'établissement mise aussi sur l'alternance comme « élément de ressource et de professionnalisation des élèves ». Elle doit pouvoir « être généralisée pour l'ensemble des parcours en master ». L'augmentation de l'offre de certains masters ou doubles diplômes très prisés - comme entre Sciences Po et Columbia University (New York) ou Sciences Po et HEC - est également une piste évoquée.

Des fonds privés

Mais l'argent frais doit surtout venir de la formation continue et du mécénat. « Sciences Po n'en est qu'à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 50 millions pour HEC , donc c'est un levier », insiste Mathias Vicherat, même si le marché de la formation continue est très concurrentiel.

Il compte aussi sur le mécénat individuel (avec les anciens élèves) ou collectif (avec des entreprises) pour avancer sur le financement de chaires ou de projets de recherche. Sciences Po veut développer le modèle mis en oeuvre avec l'Institut McCourt, qui alloue 25 millions de dollars sur dix ans et qui, par ce biais, finance des projets de recherche et le recrutement de trois professeurs.

L'établissement envisage donc de faire financer des postes d'enseignants permanents « y compris sur des fonds privés », « avec les règles éthiques nécessaires » - « c'est Sciences Po qui recrute et qui décide, il faut une étanchéité », précise Mathias Vicherat. L'autre voie pour augmenter le nombre d'enseignants permanents passe par le CNRS, avec lequel l'IEP doit renouveler sa convention, et qui pourrait permettre à l'établissement d'avoir davantage d'enseignants « payés » par l'organisme de recherche, Sciences Po ne finançant qu'un complément, à savoir la charge d'enseignement.

Pour se mettre en ordre de bataille, l'IEP lancera, en février, le processus de recrutement d'un directeur en charge de l'enseignement et de la recherche, véritable numéro deux de l'établissement.

Marie-Christine Corbier

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