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« Même pour optimiser la production d’énergie, il faudra toujours du plastique »

Pour Raymond Michels, chercheur spécialiste en géochimie des hydrocarbures, « nous n’aurons jamais la fin du pétrole ». Si nous cessons de l’utiliser comme une source d’énergie, nous continuerons d’exploiter ses gisements pour l’industrie chimique.

Propos recueillis par 

Publié le 16 janvier 2022 à 15h30, modifié le 19 janvier 2022 à 09h53

Temps de Lecture 2 min.

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22 octobre  2021, à Munich (Allemagne), dans une usine BMW.

Raymond Michels est chercheur au CNRS et à l’université de Lorraine, spécialisé dans la géochimie des hydrocarbures.

Pourquoi la chimie a-t-elle besoin de pétrole ?

Tout simplement parce qu’il s’agit d’une matière unique sur Terre, pour sa teneur en énergie, mais aussi pour sa richesse en molécules et pour leur diversité. Comme le pétrole dérive de la matière vivante [phytoplanctons], le processus de synthèse organique a déjà rassemblé le carbone et l’hydrogène en dizaines de milliers de molécules que vous pouvez exploiter d’une manière ou d’une autre. C’est d’ailleurs pour cela que, selon moi, brûler du pétrole comme une simple énergie relève de l’hérésie !

La chimie peut-elle se passer de pétrole, dont les ressources ne sont pas infinies ?

Oui, mais il faudrait une quantité énorme d’énergie pour synthétiser une molécule organique à partir d’une source abondante en carbone ou en hydrogène, c’est-à-dire le gaz carbonique et l’eau. Pour résumer, si vous voulez avoir en main une molécule organique, soit vous la prélevez dans le vivant, soit vous la prélevez dans le pétrole qui est un dérivé du vivant.

De même que pour l’énergie, les alternatives chimiques au pétrole supposent-elles un potentiel conflit d’usages ?

La majorité de l’énergie renouvelable en France reste le bois, il en faudrait donc une quantité très importante pour remplacer le pétrole aujourd’hui dans le domaine de l’énergie. Très vite, nous n’aurions plus de forêts. En chimie, vous pouvez fabriquer tous les précurseurs chimiques à partir du vivant, mais il vous faudrait tout un ensemble d’étapes de transformation. Fabriquer tous les précurseurs chimiques à partir du vivant pourrait entrer directement en concurrence avec la production agricole. A moins d’imaginer des fermes marines avec des élevages d’algues en quantité phénoménale.

Au-delà de rejets dans l’atmosphère, inhérents à l’industrie chimique, quel est le risque environnemental du pétrole comme matière ?

Le problème principal du réchauffement climatique tient à l’émission de dioxyde de carbone [CO2], qui dérive des combustibles fossiles. Si nous n’utilisons plus le pétrole comme source d’énergie, la fraction de pétrole utilisée dans le domaine de la chimie ne participera à une combustion. A mon avis, même si nous cessons d’utiliser le pétrole comme une source d’énergie, nous continuerons à exploiter ses gisements pour l’industrie chimique.

Du moins, tant que ces ressources seront disponibles…

La conversion énergétique de notre système industriel nécessitera du polymère, probablement aujourd’hui le matériau le plus sophistiqué. Si vous voulez fabriquer une voiture électrique, il y a peu de chances que sa carrosserie soit en acier, il s’agira sûrement de polymère. C’est une matière de très haute technologie, légère, résistante, avec des avantages énormes sur tout ce qui est métallique. Regardez autour de vous : même pour optimiser votre production d’énergie, il vous faudra du plastique, puisqu’il vous faut des calculateurs, des ordinateurs…

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