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Parcoursup, machine à stress : « Au lycée, chaque note devient un enjeu majeur »

Sélection de plus en plus forte, listes d’attente à grande échelle et algorithmes pas toujours très transparents : plus que jamais, l’orientation post-bac est une source d’anxiété pour les lycéens et leurs familles.

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Publié le 20 janvier 2022 à 05h24, modifié le 20 janvier 2022 à 09h06

Temps de Lecture 10 min.

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Le ton de l’élève de terminale est désespéré. « Je vous en supplie, est-ce que je peux rattraper l’épreuve orale que j’ai ratée quand j’étais malade ? Elle aurait pu me remonter ma moyenne… J’ai vraiment peur d’être pénalisée sur Parcoursup, s’il vous plaît. » Des mails comme celui-là, envoyés par des lycéens paniqués face à leur bulletin ou criant avec virulence à l’injustice, Solange Ramond, professeure d’anglais dans un lycée parisien, en reçoit plusieurs chaque mois. « Chaque notation devient un enjeu majeur, jusqu’à parfois les rendre agressifs : je n’avais jamais vu ça en trente ans », raconte l’enseignante, qui sent ses lycéens « totalement angoissés » par le poids de ces notes sur leur avenir post-bac. « L’enjeu de l’orientation a toujours été un stress, mais cela prend désormais le pas sur tout, déplore-t-elle. Le rapport à l’enseignement est devenu comptable, y compris du côté des parents qui se déplacent au lycée pour contester les notes et appréciations. »

Observées dans d’autres établissements, ces éruptions protestataires sont le symptôme d’une anxiété qui semble s’être généralisée autour de la question de l’entrée dans le supérieur. Dans un contexte de pression déjà forte, avec des bacheliers sur la ligne de départ chaque année plus nombreux (+ 185 000 en 10 ans, dont + 48 000 rien qu’entre 2019 et 2020), la plate-forme Parcoursup, qui gère l’admission des places dans le supérieur depuis 2018, et qui s’ouvre pour une nouvelle saison jeudi 20 janvier, cristallise tout particulièrement les tensions. Venu remplacer le site Admission post-bac (APB), critiqué pour son caractère stressant et opaque (notamment son système de tirage au sort dans les filières en tension, perçu comme injuste), Parcoursup ne fait pas beaucoup mieux.

Au contraire, à en croire les témoignages anxieux qui se multiplient à l’ouverture des vœux et durant la phase des admissions. Bien plus longue que dans le précédent système, en raison de la non-hiérarchie des vœux : chaque jeune obtient une réponse pour chaque formation demandée, quand auparavant la « machine » s’arrêtait de tourner pour le candidat dès qu’il était pris dans la filière en tête de ses choix.

Manque de transparence

Parmi les sources de stress durant le processus, un « manque de transparence » persistant, relève Emmanuelle Vignoli, chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), qui dirige une étude sur l’impact émotionnel de Parcoursup, commandée par le ministère de l’enseignement supérieur. « On demande aux lycéens de remplir beaucoup d’informations, mais ils ont du mal à savoir de quelle manière elles seront prises en compte et ce qui sera déterminant. Cela exacerbe la peur très forte de se tromper, qui vient avec cette période de transition », observe-t-elle. L’algorithme de la plate-forme a gagné en transparence, mais subsiste, en effet, une myriade d’algorithmes « locaux » pour chaque formation, qui décident du classement dans les listes. Avec des critères de sélection trop « vagues », critique le Conseil d’analyse économique, dans une note publiée en décembre 2021.

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