Europe : les femmes toujours victimes du plafond de verre dans l'enseignement supérieur

Amélie Petitdemange Publié le
Europe : les femmes toujours victimes du plafond de verre dans l'enseignement supérieur
adobe place des femmes dans l'ESR Europe // ©  Paul Grecaud/Adobe Stock
L'Afdesri (Association pour les femmes dirigeantes de l'enseignement supérieur de la recherche et de I'innovation) organise ce vendredi 21 janvier son 7e séminaire sur le thème "Européennes : les femmes de l'ESRI s'engagent". Elle annonce la création d'un observatoire européen de l’égalité femmes/hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche.

"Nous voulions un thème tourné vers l'Europe, dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne", explique Sophie Béjean, présidente de l'Afdesri. Le 7e séminaire de l'Association pour les femmes dirigeantes de l'enseignement supérieur de la recherche et de I'innovation, ce vendredi, sera centré autour du thème "Européennes : les femmes de l'ESRI s'engagent".

Les femmes constituent la majorité des étudiants et diplômés de niveau licence et master dans l'Union européenne, selon une étude publiée par le ministère de l'Enseignement supérieur en 2021. Cependant, leur part dans le personnel universitaire diminue rapidement à mesure qu’elles progressent vers des postes plus élevés dans les organismes de recherche.

23,7% seulement de femmes présidentes d'universités en Europe

Dans l'Union européenne, la présidence des universités est occupée à 23,7% par des femmes, selon l'étude She Figures 2021 menée par la Commission européenne. Par ailleurs, un tiers des chercheurs seulement sont des femmes. Au plus haut niveau universitaire, les femmes restent sous-représentées, occupant environ un quart des postes de professeurs titulaires.

"La France n'est pas particulièrement en avance en l'Europe. Nous sommes parmi les derniers pays en la matière, même si nous avons progressé". En 2019, il y avait 12% de femmes à la tête des établissements d’enseignement supérieur, selon cette même étude de la Commission européenne.

Nous allons lancer un observatoire européen de l’égalité femmes/hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche avec France Universités. (S. Béjean)

Création d'un observatoire européen

L'Afdesri souhaite s'inspirer des pays les mieux classés, comme la Suède, qui approche de la parité avec plus de 40% de femmes à la tête de ses universités. "Nous voulons promouvoir un partage des bonnes pratiques à travers un observatoire européen de l'égalité femmes/hommes dans l’ESR avec France Universités", annonce Sophie Béjean. L'Afdesri informera de la création de cet observatoire à l'issue du séminaire. L'association commencera par un état des lieux d'une durée de six mois puis la rédaction d'un cahier des charges et d'objectifs, avant de mettre en œuvre des actions avec des partenaires.

L'association veut amener les femmes à être plus présentes dans les instances de gouvernance et à s’impliquer dans les équipes de présidence. "Trop peu souvent, elles sont sur des fonctions de vice-présidente moyens ou recherche, nous voulons les enjoindre à devenir numéro 1".

Multiplier les actions pour briser le plafond de verre dans le supérieur

Pour enrayer le plafond de verre, plusieurs actions sont menées : des cycles de formation pour donner confiance en elles aux femmes, briser l’auto-censure et leur donner l'ambition d'aller plus haut, ainsi que du coaching et du mentorat. Un congé spécial d'un an pour les femmes qui ont eu une grossesse leur permet aussi de s'investir dans la recherche.

"C’est en début de carrière que les femmes prennent du retard. Les hommes partent facilement dans les parcours internationaux quand les femmes font d’autres choix, car c'est souvent le moment où les familles se construisent", souligne Sophie Béjean. Pour effectuer une mobilité, il faut être disponible et disposer d'une organisation qui permet de concilier vie familiale et scientifique.

Intégrer l'Europe dans les carrières des femmes

La place de l'Europe dans la carrière des femmes pourrait par ailleurs être renforcée, estime Sophie Béjean. "L'objectif, c'est de faire un état des lieux pour savoir si les femmes intègrent l'international dans leurs parcours et comment. Ensuite, il faut identifier les freins. Et enfin, proposer des pistes et ouvrir les horizons". Selon elle, intégrer l'Europe dans son parcours professionnel est un levier de plus pour accéder à des responsabilités et des promotions, et donc un levier pour atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes.

Les femmes peuvent aussi s'investir dans des projets européens sans partir à l'international. "Elles sont de plus en plus invitées à participer à ces projets mais nous voulons aussi qu'elles osent en être responsables", pointe Sophie Béjean. Participer ou être leader sur des projets européens ou internationaux peut compenser le fait de ne pas partir. Les femmes peuvent ainsi s'investir dans des projets d'universités européennes ou réaliser des mobilités plus courtes.

Le séminaire de ce vendredi abordera cette question de la place de l'Europe dans les parcours des femmes, mais aussi celle de la place des femmes dans les projets européens et les présidentes d’universités en Europe et dans les universités européennes.

Amélie Petitdemange | Publié le