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Les pharmaciens négocient un nouveau virage pour la transformation de leur profession

Débutées en décembre, les négociations avec l'Assurance-maladie pour élaborer une nouvelle convention pharmaceutique doivent aboutir en février. Après deux années d'opulence dues au Covid, les discussions porteront moins sur les problématiques financières que sur l'élargissement des compétences, avec de nouvelles missions de santé.

Les pharmacies devraient dégager au moins 1,8 milliard d'euros de marge liée à la lutte contre la pandémie.
Les pharmacies devraient dégager au moins 1,8 milliard d'euros de marge liée à la lutte contre la pandémie. (ANDBZ/ABACA)

Par Solveig Godeluck

Publié le 24 janv. 2022 à 06:50Mis à jour le 16 févr. 2022 à 11:09

Treize millions de vaccinations Covid à ce jour, 74 millions de prélèvements antigéniques, des tonnes de masques et d'autotests écoulés… Les pharmaciens sont entrés en négociation avec l'Assurance-maladie pour une nouvelle convention 2022-2027 en pleine phase d'opulence. En 2021, ils devraient dégager au moins 1,8 milliard d'euros de marge liée à la lutte contre l'épidémie, dont 1,26 milliard sur la réalisation de tests et 170 millions sur les vaccins. La marge totale devrait dépasser 8 milliards.

Cette estimation a été réalisée par l'Assurance-maladie à la mi-décembre. L'essor de la cinquième vague a alourdi de 200 millions la facture Covid des officines par rapport aux projections réalisées en septembre. En moyenne, les 21.000 enseignes du réseau ont engrangé 82.000 euros grâce au Covid, à comparer à une rémunération annuelle de 315.000 euros avant l'épidémie.

91%

des pharmacies ont vacciné en 2021.

C'est surtout une saison faste pour celles qui ont su s'adapter à la nouvelle donne pharmaceutique. Les officines trop exiguës pour vacciner et dépister ou mal préparées à accomplir de nouvelles missions souffrent de la pression sur les tarifs des médicaments hors Covid. Heureusement, en 2021, elles ont quand même pu vendre des masques ou des autotests. Et elles sont minoritaires : l'an dernier, 73 % des officines ont réalisé des tests et 91 % ont vacciné.

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L'objectif des pouvoirs publics est de bâtir sur les acquis de la crise pour faire prendre aux pharmaciens un virage professionnel. Il s'agit de leur confier de nouvelles missions de santé publique pour pallier la pénurie de médecins. Le virage précédent, négocié en 2015 , avait fait basculer l'officine d'un modèle où 80 % de sa rémunération découlait du nombre de boîtes vendues à un modèle financé aux trois quarts par les honoraires . A présent, les pouvoirs publics attendent des pharmaciens qu'ils développent la prévention.

Les boîtes, les honoraires, la prévention

La Haute autorité de santé doit dire ce mardi jusqu'où leurs compétences pourront s'élargir. Mais la négociation conventionnelle inclut déjà un volet rémunération des rappels pour tous les vaccins et éventuellement toutes les classes d'âge - aujourd'hui les pharmaciens n'injectent que les vaccins contre le Covid (patients à partir de 5 ans), et contre la grippe (plus de 65 ans). L'officine a toutes les cartes en main : un seul rendez-vous pour la consultation et pour l'acte, un local, un circuit d'approvisionnement, un maillage de proximité.

L'extension du dépistage est également au menu, pour le cancer colorectal et l'infection urinaire. On appelle les officines à la rescousse, car depuis le premier confinement, le nombre de dépistages a dramatiquement chuté.

Deuxième round en 2023

Dans un second temps, c'est-à-dire après la signature de la convention, qui doit intervenir en février pour ne pas être percutée par la fin du quinquennat, l'Assurance-maladie est prête à créer d'autres missions rémunérées pour les pharmaciens : accompagnement de patients diabétiques, suivi de patients insuffisants cardiaques, prévention du risque cardiovasculaire, observance (est-ce que le patient prend correctement ses pilules), parcours des patients sous opioïdes.

Ces sujets ayant un impact financier significatif pourraient être abordés en 2023, en espérant que l'épidémie aura disparu. Il sera alors temps de stabiliser le nouveau modèle économique de l'officine.

Solveig Godeluck

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