En matière de lutte contre la précarité, les 18-25 ans doivent cesser d’être traités comme de grands enfants avec des droits inférieurs à ceux dont bénéficient les tranches d’âge plus élevées. C’est, en substance, le message de l’association Terra Nova dans une note rendue publique, jeudi 20 janvier, et signée par Tom Chevalier, chargé de recherche au CNRS. Le cercle de réflexion plaide pour que les « jeunes adultes » accèdent à une réelle « citoyenneté sociale », notamment en devenant éligibles au revenu de solidarité active (RSA).
Depuis des années, cette catégorie de la population, qui démarre – ou s’apprête à démarrer – dans la vie active, connaît un sort plus difficile que la moyenne. La part des personnes de 18 à 24 ans situées sous le seuil de pauvreté était de 23 % en 2018, soit dix points de plus que l’ensemble des habitants. Et la situation ne s’est pas arrangée durant la récession entraînée par l’épidémie de Covid-19, car celle-ci a provoqué la destruction de dizaines de milliers d’emplois, en intérim ou de courte durée, qui étaient souvent occupés par des jeunes.
L’exécutif défend son « contrat d’engagement »
Dès lors, Terra Nova considère qu’il faut apporter un « soutien au revenu » en ouvrant « le RSA aux (…) moins de 25 ans ». Cette mesure serait « décisive » sur le plan social puisqu’elle permettrait de déployer « un filet de sécurité pour les jeunes les plus en difficulté ». Elle s’avérerait également très bénéfique « d’un point de vue politique » : l’Etat témoignerait ainsi de sa « confiance (…) dans [la] jeunesse, ce qui, en retour, favoriserait également la confiance des jeunes dans les institutions ». Le coût pour les finances publiques ne serait pas anodin : de l’ordre de 4,6 milliards à 5 milliards d’euros, d’après des évaluations faites en 2016 par l’administration.
Le pouvoir en place, qui est contre une telle extension du RSA, a défendu une autre solution : le « contrat d’engagement ». Annoncé début novembre 2021 par Emmanuel Macron, le dispositif s’adresse aux moins de 26 ans, qui ne sont ni en activité, ni en formation, ni inscrits dans un établissement d’enseignement – les NEET en anglais (neither in employment nor in education or training). Ces publics se verront proposer un « accompagnement intensif » de six à douze mois (parfois dix-huit, dans certains cas dérogatoires), le but étant d’épauler « au moins » 400 000 personnes en 2022. Ceux qui n’ont pas de ressources ou qui en ont peu recevront une allocation susceptible d’aller jusqu’à 500 euros par mois.
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