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L'académie de Paris veut « plus de boursiers » à Louis-le-Grand et Henri-IV pour « élargir l'élite »

L'académie de Paris veut modifier le recrutement des très prestigieux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand dès la rentrée prochaine, pour qu'ils accueillent davantage d'élèves boursiers ou issus de collèges moins favorisés. Face aux très vives critiques, le recteur de l'académie de Paris tente de rassurer.

L'académie de Paris va réformer le recrutement des très prestigieux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, afin d'y faire entrer davantage d'élèves boursiers dès septembre 2022.
L'académie de Paris va réformer le recrutement des très prestigieux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, afin d'y faire entrer davantage d'élèves boursiers dès septembre 2022. (Anna Kurth/Hans Lucas/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 24 janv. 2022 à 18:40Mis à jour le 25 janv. 2022 à 09:07

C'est un sujet qui ne concerne que quelques centaines d'élèves, mais qui va remettre la question de la mixité dans le débat, à trois mois de la présidentielle . L'académie de Paris va réformer le recrutement des très prestigieux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, afin d'y faire entrer davantage d'élèves boursiers dès septembre 2022.

Le mouvement a déjà été enclenché dans les autres lycées parisiens depuis 2020, alors que la ségrégation scolaire y était près de cinq fois plus élevée que dans la moyenne nationale, selon l'académie. Cette dernière se félicite des premiers résultats obtenus et souhaite aller plus loin.

Recul de « la ségrégation sociale »

Selon les chiffres dévoilés ce lundi, le redécoupage des secteurs d'affectation et le nouvel indice de positionnement social ont permis de faire « reculer » la ségrégation sociale entre établissements de 33 % par rapport à 2020. Les niveaux scolaires sont aussi « plus équilibrés » dans tous les lycées, souligne Julien Grenet, professeur associé à l'Ecole d'économie de Paris et président du comité de suivi de la réforme Affelnet à Paris.

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L'académie entend toutefois renforcer son action pour certains lycées du 5e et du 6e arrondissements, en deçà des évolutions d'autres établissements. Elle va donc, à la rentrée prochaine, « élargir leur bassin de recrutement vers des collèges plus socialement défavorisés ».

« Un stress dès la maternelle »

« Il n'y a aucune raison qu'il y ait des lycées parisiens évités », plaide le recteur de l'académie de Paris, Christophe Kerrero, qui entend « banaliser l'orientation » pour qu'il y ait « moins d'anxiété sur la chose scolaire ». « L'hypersélectivité stresse parents et enfants parfois dès la maternelle », renchérit Claire Mazeron, directrice académique des services de l'Education nationale chargée des lycées.

En ce qui concerne Henri-IV et Louis-le-Grand, l'objectif est « qu'ils rejoignent la moyenne académique du nombre de boursiers alors qu'il y a aujourd'hui 8 % de boursiers à l'entrée en seconde », reprend Christophe Kerrero, qui déplore que ces deux lycées aient « beaucoup moins de boursiers dans le secondaire qu'en classe préparatoire ».

« Les 10 % d'élèves des meilleures grandes écoles viennent de 8 % des lycées français », rappelle aussi Julien Grenet, alors qu'Emmanuel Macron n'a eu de cesse de prôner davantage de diversité sociale .

Dans ces deux établissements, les critiques des familles et de leurs enseignants sont vives. « Il ne s'agit pas de s'attaquer à l'élite mais de l'élargir, rétorque Christophe Kerrero. La France a besoin de tous les talents. »

Décision dans les deux semaines à venir

L'académie avait indiqué au « Monde », en fin de semaine dernière, que le recrutement sur dossier serait supprimé pour les collégiens parisiens. Depuis, le discours est plus nuancé. « Ce ne sera pas la procédure actuelle », indique-t-on à l'académie, où l'on précise qu'on ne verra pas pour autant arriver 80 % de boursiers à la rentrée prochaine dans ces lycées.

L'académie envisage « des quotas » d'élèves provenant de collèges moins favorisés et d'élèves boursiers, « dans des proportions qui seront entendables par les communautés éducatives ». « Il faut faire évoluer le recrutement, mais y aller par étapes pour que ce soit acceptable, plaide Claire Mazeron. Pour l'instant, la décision n'est pas stabilisée. » Elle doit l'être dans les quinze jours à venir.

« Il y aura toujours une garantie pour que les élèves hors de Paris puissent entrer à Henri-IV et à Louis-le-Grand et que l'ensemble des collégiens parisiens puissent postuler dans ces lycées, rassure Christophe Kerrero. Il n'y aura pas d'évolution là-dessus. »

Marie-Christine Corbier

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