« Si je n’étais pas en ULIS, je n’y arriverais pas. » Lou, 14 ans, se décrit comme « multidys » : elle souffre de plusieurs troubles de l’apprentissage comme la dyslexie. Elle est scolarisée dans une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS) du collège Pierre-et-Marie-Curie, à Albert (Somme). L’ULIS, c’est d’abord une salle de classe et une petite salle d’activités adjacente, qui regroupe des enfants de la 6e à la 3e. Tous ont en commun d’être porteurs de handicaps – même si les niveaux de difficulté varient d’un enfant à l’autre – qui les empêchent de suivre un enseignement « ordinaire » sur 100 % du temps scolaire.
Les ULIS, qui ont changé plusieurs fois de nom (on les appelle ainsi depuis 2015), se sont développés après la loi de 2005 créant le droit à la scolarisation pour les enfants handicapés. Ils sont au cœur de la polémique déclenchée, le 14 janvier, par Eric Zemmour, candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle, qui a fustigé « l’obsession de l’inclusion » en réclamant que ces enfants soient pris en charge dans des centres spécialisés.
Mais pour Lou, qui est en 3e une partie du temps, ce dispositif a tout changé. La jeune fille, qui s’apprête à passer son brevet et voudrait travailler dans le secteur de la petite enfance, y est scolarisée depuis la 5e. « En 6e, ç’a été la dégringolade, se souvient Déborah Philippe, sa mère. On mettait des heures à faire les devoirs, Lou se sentait complètement décalée. » Désormais, tout est plus simple. « On peut revoir des choses que l’on n’a pas comprises en classe, assure-t-elle. Et puis la prof est beaucoup plus disponible. »
Impact essentiel de la « socialisation »
« La prof », c’est Anne Charpentier, professeure des écoles spécialisée. Avec Catherine Camberlin, accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH), elle s’occupe de la classe ULIS à plein temps. Celle-ci compte quatorze élèves, mais quatorze autres sont en attente d’une place – une deuxième unité devrait ouvrir à la rentrée de septembre.
« Le principe de l’ULIS, c’est de s’adapter à chacun, explique Anne Charpentier. On n’a pas forcément besoin de connaître leur diagnostic médical, l’important étant de les mettre en situation d’apprentissage pour savoir de quoi ils ont besoin. Ce qui ne marche, évidemment, que s’ils sont en petit effectif. »
Ses élèves, âgés de 11 à 14 ans, ont en général un niveau scolaire plus faible que les autres enfants du même âge. En théorie, leur degré d’inclusion dans la classe « ordinaire » est indexé sur leur handicap. « Vous avez par exemple Inès, en inclusion quasiment tout le temps, indique-t-elle en désignant deux élèves côte à côte, alors que sa camarade est en ULIS douze heures par semaine. » En pratique, certains sont inclus dans des cours qu’ils ne sont pas tout à fait capables de suivre. Anne Charpentier pense notamment à une élève de 3e, qui a insisté pour continuer à assister au cours d’histoire. « C’est très important de continuer à aller dans la classe, même si elle ne donne pas forcément autant de sens au contenu que les autres. »
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