« C’est pour ma maman ! », s’amuse Laura Gonzalez, la décoratrice d’intérieur du Tout-Paris, en prenant un selfie dans la cour de l’Elysée. Elle n’est pas la seule. « Prière de ne pas prendre de selfies pendant le discours du président de la République », ordonne-t-on dans la salle des fêtes du palais, réinventée en gris, beige et or par l’architecte d’intérieur Isabelle Stanislas. C’est dire si l’événement est exceptionnel, même pour l’acmé des designers, de ceux « qui font rayonner la création française à l’international ».
Ils sont cent – cornaqués par le plus fameux d’entre eux, Philippe Starck, invité d’honneur du festival – à piaffer d’impatience, jeudi 20 janvier, sous les plafonds peints d’angelots joufflus de l’Elysée, pour la remise du prix French Design 100, organisé par le Via, l’organisme national de recherche et de promotion du meuble. Cette seconde édition d’une célébration plusieurs fois reportée (Covid-19 oblige) fait la part belle à cent projets ou objets qui font voyager loin l’art de vivre à la française. La première édition, au Musée des arts décoratifs de Paris, en 2019, listait les cent personnalités ambassadrices du design hexagonal à l’étranger.
Une réception officielle à l’Elysée, en présence d’Emmanuel et Brigitte Macron ? « C’est l’occasion pour la puissance publique de montrer l’importance qu’elle accorde au design tricolore et d’expliquer la façon dont elle se l’approprie, les ministères de la culture, de l’économie et du commerce extérieur étant tous concernés », se félicite Bernard Reybier, PDG de Fermob (fabricant de mobilier d’extérieur en métal) et président du Via. « Nous avons pris en considération la créativité, l’originalité et la justesse des propositions, ainsi que la qualité des réalisations », précisait Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national et président du jury, qui a dû trier parmi 963 candidatures.
Une immense variété créative
Parmi les lauréats assis sur les chaises raides et dorées de la salle des fêtes, on croise Constance Guisset pour son sofa Scape, édité par le Chinois Wow Design, Mathieu Lehanneur pour sa collection Inverted Gravity aux blocs de marbre ou d’onyx posés sur des bulles de verre soufflé, Guillaume Delvigne avec la nouvelle ligne de mobilier Litho pour la maison Pierre Frey Paris. Et aussi Charlotte Juillard et ses assises Laime en métal et tissu recyclés (pour Noma) ou Fabrice Berrux avec son portemanteau Anémone habillé de tissu (pour l’Italien Bonaldo). Egalement primés : l’artiste Pablo Reinoso, les architectes d’intérieur Patrick Jouin et Sanjit Manku ou India Mahdavi. Un paysage multiple et bigarré du design contemporain.
Voilà une discipline pour laquelle « le sujet, c’est l’homme, ce n’est pas l’objet … ce qui fait de vous des artistes irremplaçables », a déclaré le président de la République, citant Charlotte Perriand. A ces mots, une vague de satisfaction parcourt l’audience. « A l’Elysée, je passe mes jours et mes nuits entre Thierry Lemaire, Patrick Jouin, Ora Ito et Philippe Starck, qui croisent le chemin de Vasarely et Pierre Soulages. Je suis en bonne compagnie ! », a poursuivi Emmanuel Macron. « Il a oublié mes lampes dans son bureau... », susurre Caroline Ziegler, la créatrice primée du studio BrichetZiegler.
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