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Deux masters plutôt qu’un : chez les jeunes diplômés, l’art de cultiver la distinction

Les diplômés bac+5 n’ont jamais été aussi nombreux, mais la compétition est rude. De plus en plus optent pour un second master, ou cherchent des moyens pour « remonter dans la file ».

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Publié le 26 janvier 2022 à 05h00, modifié le 26 janvier 2022 à 13h50

Temps de Lecture 10 min.

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Il se compare à un militaire russe à l’uniforme bardé de médailles, collectionnant les mentions les plus élevées dans les filières les plus prestigieuses. Julien Nguyen Dang n’a que 26 ans et une page LinkedIn déjà longue comme le bras : deux ans de classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Janson-de-Sailly, à Paris ; deux ans du cursus hybride CPES, pour « cycle pluridisciplinaire d’études supérieures », de Paris Sciences et lettres (PSL), avec des cours au lycée Henri-IV ou à l’Ecole des mines ; un an de master recherche en histoire à l’université Paris-Diderot ; un programme d’été à New York University, aux Etats-Unis ; deux ans de master recherche, toujours en histoire, mais à Sciences Po ; deux ans de master en alternance, en journalisme, de nouveau à Sciences Po. Soit un total de neuf années d’études supérieures, dont cinq en master.

« C’est un condensé rapide d’un long parcours de doutes et d’hésitations. Mais, heureusement, ce n’est pas ce qu’on voit sur un CV », souligne celui qui est aujourd’hui en CDD à l’Agence France-Presse, où il rêve de faire carrière. Car, s’il admet avoir « toujours eu de l’ambition », Julien Nguyen Dang a battu des records d’abord parce qu’il a mis du temps à trouver sa voie. Après trois ans d’histoire, il connaît un « passage à vide », incapable de se projeter dans une thèse ou dans la préparation de l’agrégation, ni dans une vie d’enseignant-chercheur. « J’avais l’impression d’être un très bon élève, une sorte de machine de guerre particulièrement redoutable, mais je n’arrivais pas à voir le côté pratique que j’allais pouvoir vendre à un employeur », raconte-t-il. D’où son ultime master – en alternance, donc plus professionnalisant – pour apprendre le métier de journaliste. Et l’effort semble payer. « Ça suscite une interrogation positive chez les recruteurs qui préfèrent des profils variés, alors que ce n’est pas ce à quoi nous encourage l’université. J’ai fait beaucoup de recherche et, en même temps, je suis très ancré dans l’actualité : ça me permet de me distinguer. »

Une course aux diplômes

La distinction. C’est ce que recherchent ces surdiplômés qui décident de ne pas s’arrêter au bac + 5. Dans un contexte de massification de l’enseignement supérieur, il s’agit de sortir du lot : entre 2005 et 2010, le nombre de diplômés de master à l’université a été multiplié par deux, passant de 57 000 à 104 000 selon les chiffres de l’Insee. Et ce score continue d’augmenter : ils étaient 131 000 en 2017. « Face à la quantité d’étudiants et à l’incertitude sur les marchés du travail, le phénomène est classique : on cherche différentes façons de se prémunir », observe François Sarfati, professeur de sociologie à l’université Paris-Saclay et chercheur affilié au Centre d’études de l’emploi et du travail.

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