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Le mastère spécialisé, une formation qui se porte bien

Pour répondre aux besoins des entreprises et à la demande des étudiants, les grandes écoles misent de plus en plus sur le mastère spécialisé, une formation lucrative et qui nécessite peu d’investissements.

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Publié le 28 janvier 2022 à 05h00, modifié le 28 janvier 2022 à 10h26

Temps de Lecture 5 min.

Le campus de l’Essec, à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise).

C’est un quadragénaire agile, très adaptable. Chaque année, des milliers d’étudiants et de jeunes actifs le sollicitent avec entrain, mais seuls les meilleurs sont reçus. Il s’agit du mastère spécialisé (MS). Alors qu’il était considéré comme un ovni au début des années 1980, 403 sont aujourd’hui labellisés par la Conférence des grandes écoles. Cette formation diplômante de douze mois a fleuri dans 130 établissements d’enseignement supérieur, répondant à la demande de leurs étudiants et des entreprises pour des formations professionnalisantes. Il s’agit aussi, pour les écoles, de nouvelles ressources financières qui ne nécessitent que peu d’investissements.

A tout seigneur tout honneur, le dernier né des mastères spécialisés a vu le jour le 17 janvier à HEC Paris, il a été baptisé Global Executive Mastère (mastère spécialisé) in Management. Avec 66 participants qui rapporteront chacun environ 40 000 euros à l’établissement, on peut dire que le bébé se porte bien. Huit mastères spécialisés sont désormais proposés dans le catalogue de formations de cette grande école.

Au plus près de la demande

A l’origine les écoles ont conçu ces spécialisations pour répondre aux besoins d’un marché. « Comme des Sioux, nous avons toujours une oreille collée sur le terrain, plaisante Anne-Valérie Corboz, doyenne associée de l’executive education à HEC Paris. Nous écoutons les entreprises, qui sont nos clients, pour être au plus proche de leurs attentes. » Chaque établissement a son propre réseau de capteurs pour être au plus près de la demande. Skema Business School, par exemple, réunit annuellement un comité composé de représentants d’entreprises, de responsables de programmes et de professeurs pour évaluer les tendances en matière de compétences.

Si une nouvelle niche de besoins de formation est identifiée, un nouveau mastère peut être monté en six mois

Le marché étant en perpétuel renouvellement, « une révision des programmes doit être effectuée chaque année », explique Patrice Houdayer, directeur des programmes, de l’international et de la vie étudiante de Skema. Si une nouvelle niche de besoins de formation est identifiée, un nouveau mastère peut être monté en six mois. « Une agilité d’adaptation dont ne disposent pas les programmes grandes écoles [PGE] qui se déroulent sur trois ans, des gros navires avec une ingénierie pédagogique plus lourde et une inertie plus importante », analyse Marc Gibiat, directeur des programmes bachelor et mastère de Audencia Business School. La souplesse du MS permet au programme de se réinventer.

Si les écoles sont à l’écoute des besoins des entreprises, elles sont aussi très intéressées par celles de leurs autres clients : les étudiants. Il existe deux types de profil d’étudiant en mastère spécialisé : les premiers sont en poursuite d’études. Ils recherchent souvent une expertise ou une double compétence après un bac + 5 (master). « Plus de 60 % sont issus d’une école d’ingénieurs, d’architecture, de santé ou de l’université et sont en quête d’une qualification managériale », observe Marc Gibiat. Les seconds sont déjà bien intégrés dans la vie active et demandent la validation de nouvelles compétences. « Il y a dans l’entreprise une concurrence des talents, expose Anne-Valérie Corboz, pour prendre de nouvelles responsabilités, les ressources humaines demandent des preuves. Le mastère spécialisé valorise l’expérience acquise et émet un titre validé par un diplôme. » Le MS est la possibilité de gravir une nouvelle marche dans une carrière.

Des frais de scolarité élevés

Un retour sur investissement pour ceux qui peuvent débourser des dizaines de milliers d’euros. HEC, avec ses programmes à 40 000 euros annuels, est l’établissement le plus cher, mais sa réputation internationale lui permet de retenir entre 300 et 400 candidats chaque année tout en restant sélectif. Les entreprises, notamment chinoises et japonaises, offrent en échange d’un engagement à rester cinq ou six ans dans leur compagnie, le paiement d’une année de mastère spécialisé dans l’établissement français.

Pour les autres écoles, le prix d’une année de MS varie entre 14 500 euros pour l’EM Normandie à 20 200 euros pour l’Essec. « Les frais de scolarité peuvent être un frein », reconnaît Marc Gibiat. A l’Ecole des ponts ParisTech, « les élèves de MS ne sont pas des étudiants, mais des apprenants », tient à préciser Karen Peyronnin, responsable du pôle formation spécialisée. Une nuance pour souligner que ces programmes relèvent souvent de la formation continue. En effet, 60 % des élèves sont des actifs, en alternance une semaine par mois ou deux jours par semaine entre l’école et l’employeur. Leur formation est financée par leur entreprise. Une autre alternative est l’apprentissage ; l’entreprise, là encore, prend en charge le coût de la formation. Sur ses huit mastères spécialisés, Audencia en propose deux en apprentissage.

Le marché des mastères spécialisés commence à prendre une certaine ampleur dans le chiffre d’affaires des établissements d’enseignement supérieur

Les diverses dispositions gouvernementales en faveur de la formation continue, comme le compte personnel de formation (CPF), sont une aubaine pour les écoles qui s’engouffrent sur ce marché. Surtout que la mise en place de ces formations est conditionnée dans toutes les écoles interrogées, au préalable de posséder déjà en interne toutes les compétences pédagogiques nécessaires. « On s’assure qu’il n’y ait pas de surcoût », résume Félix Papier, directeur général adjoint en charge de la grande école et de la formation initiale de l’Essec. « Nous mobilisons nos enseignants, nous ne montons pas un mastère spécialisé hors-sol de nos savoirs faire », abonde Marc Gibiat. Les coûts de lancement se résument à de l’ingénierie pédagogique.

Les mastères spécialisés réclament donc peu d’investissement et ont le vent en poupe. L’EM Normandie, qui compte six MS, observe cette année une montée en puissance de 15 à 20 % pour ses différents programmes. Toutefois, le chiffre d’affaires généré reste marginal pour cet établissement puisqu’il ne concerne que 150 étudiants, pour une école qui en compte 5 600. Pour d’autres néanmoins, ce marché des mastères spécialisés commence à prendre une certaine ampleur, comme Skema, où il représente 15 % du chiffre d’affaires de l’école. Enfin, pour un mastodonte comme HEC Paris, l’ensemble des programmes de formation continue (8 000 participants), dont les MS, se monte à 34 millions d’euros en 2021, soit 25 % du chiffre d’affaires global.

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