La sentence d’Emmanuel Macron n’est pas passée inaperçue, le 13 janvier, devant les présidents d’université, réunis à la Sorbonne. « Nous avons commencé à colmater les brèches », a convenu le chef de l’Etat, à propos du bilan de son quinquennat pour l’enseignement supérieur, appelant à « regarder la vérité en face » et à « redoubler les efforts ». Sa ministre, Frédérique Vidal, a encaissé sans broncher.
Quelques heures plus tôt, à la tribune, elle avait livré son propre bilan, beaucoup plus flatteur. A son crédit, soulignait-elle notamment, le recul de l’échec en licence, « qui était le fléau majeur de l’enseignement supérieur français ». « Jamais un ministre n’aura donné autant de moyens aux universités pour assumer leurs missions, affirmer leur signature et développer leurs atouts », s’était-elle félicitée.
Alors que se profile, jeudi 3 février, une mobilisation à l’appel de plusieurs organisations étudiantes et lycéennes (UNEF, l’Alternative, FSE, Solidaires et la Voix lycéenne) contre la hausse des droits d’inscription et la sélection à l’université et pour un « plan d’urgence », le bilan de Mme Vidal fait débat au sein de la communauté de l’enseignement supérieur.
Ses quelques partisans saluent ses réformes structurelles, qui favoriseraient à terme autant la réussite des étudiants en licence que l’affirmation de quelques grandes universités de recherche dans les classements internationaux. Les plus pondérés estiment qu’elle n’a fait, au fond, qu’appliquer la feuille de route d’Emmanuel Macron, sans jamais chercher la lumière et dans la lignée des mandats précédents, qui, depuis la loi Pécresse de 2007, conforte l’autonomie des universités. Ses nombreux détracteurs, eux, regrettent une ministre qui « n’imprime pas », « méprise » et « n’a pas su peser », notamment au plus fort de la crise sanitaire.
« Elle manquait de poids politique »
Fin 2020, quand la deuxième vague de la pandémie a renvoyé les étudiants à la maison, la ministre a brillé par son absence, apparemment indifférente à l’isolement et à la précarité grandissante. « Je retiens une forme d’effacement, une absence de véritable prise en considération de la détresse dans laquelle pouvaient se trouver des étudiants », relate Me Vincent Brengarth, qui a défendu au Conseil d’Etat le recours de 300 étudiants en BTS qui demandaient de pouvoir valider exceptionnellement leur diplôme en contrôle continu, à l’instar du bac. En vain. « Le sujet ne l’a touchée que lorsque le pays a réagi avec une forme de honte en voyant les images d’étudiants dans des files d’attente pour la soupe populaire », observe Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine, chercheur au CNRS.
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