Aurait-on parlé d’enseignement supérieur pendant la campagne présidentielle si le chef de l’Etat n’avait prononcé une phrase laissant entendre qu’une hausse des droits d’inscription serait la bienvenue ? « Je n’ai jamais dit ça, contrairement à ce que j’ai pu lire partout dans la presse », a asséné Emmanuel Macron lors d’un déplacement dans un lycée agricole de la Creuse, le 24 janvier, rejetant toute velléité d’augmenter « le prix » payé par les étudiants pour s’inscrire à l’université. « Je défie qui que ce soit de retrouver cette phrase qui est sortie partout. Il paraît qu’on est en campagne, et donc il y a beaucoup gens qui, dans ces cas-là, sortent des choses et vous font dire le contraire », a insisté le président de la République.
Onze jours plus tôt, le 13 janvier, devant les présidents d’université réunis en congrès à la Sorbonne, M. Macron avait pourtant bien estimé qu’« on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde ».
Les réactions avaient fusé parmi les candidats. « Odieux » (Jean-Luc Mélenchon), « choquant » (Yannick Jadot), « une provocation » (Valérie Pécresse), « désespérant pour la jeunesse » (Anne Hidalgo). Les présidents d’université, eux, étaient restés cois, un peu gênés d’avoir été « la force invitante » ayant généré une telle « tornade », glisse un témoin. « Nous avons eu une réunion plénière après le discours pour débriefer, confie un président. J’étais de ceux qui estimaient nécessaire de réagir. Bon nombre parmi nous trouvons que le débat n’est pas là : les droits d’inscription ne sont pas la solution au problème de financement que rencontrent nos établissements. »
« Fausse bonne idée »
Emmanuel Macron a-t-il voulu lancer un ballon d’essai ? « C’est potentiellement une fausse bonne idée qui pourrait mettre des millions de jeunes dans la rue, tranche François Germinet, président de CY Université et à la tête de la commission formation et insertion professionnelle de France Universités (anciennement la Conférence des présidents d’universités). Nous ne souhaitons pas la dérégulation des droits, ni leur augmentation, car derrière, cela signifie que Bercy couperait systématiquement les vivres à chaque fois que nous aurions une bonne raison pour demander d’injecter de l’argent dans le système. »
Il vous reste 31.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.