Michel et Françoise Caviglioli – « Mitch et Soize » comme on les appelle du côté de Chambéry – voulaient faire un geste pour la planète avant de partir à la retraite. Ce couple d’artisans taxi installé aux abords du lac du Bourget a acheté deux Hyundai Nexo à hydrogène (H2) en 2020 et 2021. Du « zéro émission » pour acheminer leurs clients à l’hôpital ou à l’aéroport. Et à leur grande surprise, ils sont, avec presque 200 000 kilomètres parcourus en quelques mois, devenus des bêta-testeurs mondiaux de la voiture à hydrogène, scrutés depuis le siège du constructeur sud-coréen, connus des spécialistes de cette niche de la mobilité jusqu’en Californie.
Si l’histoire est amusante, elle souligne d’abord un fait : les utilisateurs de voitures à hydrogène ne courent pas les routes. Rares sont, dans le monde, ceux qui, comme Mitch et Soize, avalent les kilomètres avec une automobile fonctionnant au gaz H2. Contrairement à la voiture électrique à batterie, la voiture électrique à hydrogène ne s’est pas développée fortement ces cinq dernières années. La raison ? Une doctrine s’est peu à peu imposée dans l’automobile : la technologie H2 (une pile à combustible qui fabrique de l’électricité à partir d’hydrogène) est réservée aux véhicules lourds – camions, bus – ou aux flottes d’utilitaires.
Pourtant, deux marques ont investi dans la voiture particulière à hydrogène. Le japonais Toyota et le sud-coréen Hyundai commercialisent deux véhicules : la Toyota Mirai de deuxième génération et le SUV Hyundai Nexo. Mais la liste s’arrête là. Daimler et Honda ont jeté l’éponge en 2020 et 2021, stoppant la commercialisation, faute de ventes, l’un de la Mercedes GLC F-Cell, l’autre de la Clarity. Les seuls véhicules à venir sont une BMW, présentée au dernier salon de l’automobile de Munich, en septembre 2021, et un projet de supersportive de la start-up française Hopium.
Des aventuriers ambassadeurs
Mais les irréductibles Asiatiques de la voiture H2 ne lâchent pas l’affaire. Leurs filiales françaises se sont dotées d’aventuriers ambassadeurs de l’hydrogène : le Suisse Bertrand Piccard pour Hyundai, premier à avoir fait le tour du monde en avion solaire, et Victorien Erussard chez Toyota, capitaine du bateau expérimental zéro émission Energy Observer, lequel fonctionne avec la technologie H2 du japonais.
Il s’agit ensuite de démontrer les éléments de supériorité de la pile à combustible sur la batterie, et en particulier sa grande autonomie avec une seule recharge. Alors, les performances mises en avant pleuvent. Fin août 2021, une Toyota Mirai a battu en Californie un record d’autonomie avec 1 300 kilomètres parcourus sans repasser par la station-service. Elle a pulvérisé le record d’une autre Mirai, établi en France quelques semaines plus tôt : 1 003 kilomètres.
Il vous reste 55.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.