Paris : avec l’Entraide scolaire amicale, devenez mentor d’un enfant en difficulté à l’école

L’association Entraide scolaire amicale lance une campagne de recrutement de bénévoles, pour répondre aux enjeux du Plan Mentorat gouvernemental. A Paris, les mentors de l’ESA accompagnent gratuitement plus de 800 élèves

Paris (XIIe), mardi 1er février. Martine Egon, ancienne formatrice, travaille avec Curtis une fois par semaine par le biais de l'association Entraide scolaire amicale. LP/Elodie Soulié
Paris (XIIe), mardi 1er février. Martine Egon, ancienne formatrice, travaille avec Curtis une fois par semaine par le biais de l'association Entraide scolaire amicale. LP/Elodie Soulié

    Un enfant, un bénévole, une fois par semaine. La formule fait ses preuves depuis plus de 50 ans, c’est celle de l’égalité des chances selon l’Entraide scolaire amicale (ESA), association méconnue qui rassemble pourtant plus de 3 400 bénévoles en France, dont un millier à Paris, et des écoliers, collégiens et lycéens en délicatesse avec les apprentissages et leur scolarité. Le mentorat trouve un regain d’intérêt, jusqu’à faire l’objet d’un ambitieux Plan Mentorat gouvernemental. « C’est tout de même ce que nous faisons depuis un demi-siècle… Donc tant mieux s’il est reconnu dans la politique publique », sourit Aurélie Goin, déléguée générale et ancienne président de l’ESA.

    À sa création en 1969, l’ESA venait en aide à 50 enfants. Dix ans plus tard ils étaient un millier, à l’aube de 2020 ils dépassaient les 4 000… « L’an dernier ils ont été moins nombreux, mais nous avons tout de même aidé 3 700 enfants, dont 860 à Paris, précise Julie Fournier, responsable des opérations de l’ESA. Malgré les confinements et le Covid-19 nous avons pu continuer la plupart de nos accompagnements. »

    « La priorité était de garder le lien avec les enfants, donc nous avons d’abord beaucoup fonctionné par téléphone ou en visio, pour les familles qui avaient un ordinateur, confirme Aurélie Goin, mais l’an dernier nous avons obtenu une dérogation, au titre de notre mission d’intérêt général, et nous avons pu reprendre l’aide à domicile. » Un pilier de l’Entraide scolaire amicale.

    Un accompagnement global de l’enfant et des… parents

    C’est ce qui a mené Martine Egon à rejoindre l’association, après une carrière dans la formation en milieu professionnel scientifique. « J’avais commencé par du soutien scolaire en groupe, raconte cette jeune retraitée du XIIe, or je trouve le travail de groupe peu efficace, il y a beaucoup de déperdition. Le face-à-face est beaucoup plus constructif, on s’adapte totalement aux besoins du jeune que l’on accompagne. »

    C’est tout l’enjeu de son rendez-vous hebdomadaire d’une heure trente avec Curtis, collégien de 11 ans. « Avec lui je fais un peu de soutien scolaire, selon ses notes, ses devoirs et contrôles, mais c’est un accompagnement global à la scolarité. Je lui apporte une méthode, je réponds à ses besoins spécifiques, mais mon rôle est aussi d’ouvrir son esprit, d’aller au-delà des leçons tout en suivant le programme. »

    Curtis et Martine sont ainsi allés ensemble étudier la civilisation égyptienne au Louvre, et le cours d’histoire s’en est trouvé plus concret que dans les livres. « Avec Martine j’apprends beaucoup plus, elle est un tuteur, et maintenant j’arrive à travailler seul », confirme le collégien de 6e. Curtis prend confiance, et sa maman aussi. « Elle était inquiète, à une période de la scolarité où les enfants ont parfois besoin d’aide pour ne pas décrocher, estime Martine. Je connais les capacités de Curtis et je montre à sa mère qu’il avance bien, qu’elle doit lui faire confiance. »

    « Un encouragement vers l’autonomie scolaire »

    Lauréate de l’appel à projets du Plan Mentorat gouvernemental, qui prévoit de passer de 30 000 à 100 000 jeunes « mentorés » en un an, l’association a pour elle l’expérience, la méthode et une petite armée de bénévoles, mais « avec le nouvel objectif d’aider 4 700 enfants, il n’y aura pas de miracles, nous recrutons ! », sourit Julie Fournier.

    « À Paris notamment, il faudrait au moins 100 bénévoles de plus, et surtout faire en sorte que tous les arrondissements soient couverts ». Lycéens, étudiants, actifs, retraités, « le réseau de nos mentors est très intergénérationnel, complète Aurélie Goin, et cette diversité permet de créer les bons binômes, en fonction des difficultés de l’enfant. Plus de la moitié des bénévoles sont des actifs, 30 % des retraités, et 15 % des étudiants de toutes filières, mais nous commençons à avoir plus de lycéens, qui ne représentent encore que 3 % des mentors ». Enfin, 38 % des accompagnements durent 2 à 3 ans, le temps de « sécuriser un parcours, notamment dans les classes charnières. Le rôle de l’ESA n’est pas seulement de l’aide aux devoirs, c’est un encouragement vers l’autonomie scolaire ».

    Adressés par les écoles, les services sociaux, le bouche-à-oreille, les enfants ainsi accompagnés sont majoritairement des collégiens. « Ils représentent 44 % des jeunes mentorés, précise Julie Fournier. Les primaires représentent 32 % et les lycéens 24 %. » Tous bénéficient d’un principe qui n’a jamais changé depuis la création de l’ESA : « Le principe de l’aide à domicile, confirme Aurélie Goin, car en réalité nous accompagnons aussi les parents, les familles. Créer les conditions pour que l’enfant travaille chez lui fait partie de cet engagement. »