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Cédric Villani : « C’est dès le premier degré que les inégalités se creusent »

Le mathématicien et député regrette le décrochage du niveau des élèves, ces trente dernières années. Selon lui, faire une démonstration et construire un raisonnement s’apprend dès l’école primaire. Il juge aussi insuffisant le nombre d’heures consacré aux enseignements scientifiques depuis la réforme du lycée.

Propos recueillis par 

Publié le 04 février 2022 à 09h30, modifié le 03 mars 2022 à 11h28

Temps de Lecture 3 min.

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Le mathématicien et homme politique Cédric Villani a été missionné au début du quinquennat pour réfléchir, avec l’inspecteur général Charles Torossian, à l’enseignement des mathématiques en France, à la suite du décrochage des performances des élèves français dans la discipline. Leur rapport a servi de base à l’élaboration du plan « mathématiques » de Jean-Michel Blanquer. Le député de l’Essonne, d’abord affilié à La République en marche et aujourd’hui soutien de Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), prend ses distances avec la réforme du lycée, mais continue à soutenir les actions liées à son rapport.

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Vous étiez plutôt favorable à la réforme du lycée quand elle a été annoncée. Que pensez-vous de sa mise en œuvre pour l’enseignement des mathématiques ?

L’enseignement scientifique du tronc commun en 1re et terminale doit être revu. Ce cours qui conjugue mathématiques, sciences physiques et biologie était, dans son principe, intéressant car la culture scientifique est aujourd’hui très mal prise en charge dans le parcours scolaire des jeunes. Mais force est de constater que ce nouveau format ne fonctionne pas. D’abord, le nombre d’heures est insuffisant : il faudrait passer de deux à quatre heures par semaine pour qu’il ait du sens.

Ensuite, les professeurs ont besoin de temps pour se coordonner et mettre réellement en place une interdisciplinarité. Aujourd’hui, seuls 6 % des cours sont assurés par des enseignants de mathématiques, ce qui est évidemment insuffisant. Tant que cet enseignement scientifique est mis à mal, l’équilibre même de la réforme, avec en parallèle un enseignement de spécialité exigeant, est compromis.

Par ailleurs, passer de trois à deux enseignements de spécialité entre la 1re et la terminale conduit à un appauvrissement des parcours possibles qui est regrettable. S’il y avait la possibilité de conserver trois approfondissements, il n’y aurait peut-être pas ce décrochage des mathématiques, en particulier pour les jeunes filles.

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Plus globalement, il faut réfléchir au sens que l’on veut donner aux mathématiques au lycée. Est-ce qu’elles participent au développement personnel et intellectuel des jeunes ou ont-elles seulement une portée utilitariste ?

Le plus important reste, malgré tout, selon vous, les actions menées à l’école primaire. Pourquoi ?

Les mathématiques sont une discipline incrémentale. C’est dès le premier degré que les inégalités se creusent. Si vous ne maîtrisez pas les concepts élémentaires en fin de primaire, vous serez perdu au collège. C’est le moment de la scolarité le plus structurant, celui où vous apprenez à faire une démonstration et à construire un raisonnement. Une fois cette étape ratée, il est très difficile de raccrocher au lycée.

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