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Parcoursup : le Covid complique encore plus l'orientation des lycéens

Les élèves de terminale pourront commencer à saisir leurs voeux dans Parcoursup à partir de ce mercredi. Les 54 heures annuelles dédiées à l'orientation, qui avaient été promises à chaque lycéen, ne sont pas encore une réalité pour tous.

Les lycéens de terminale ont jusqu'au 11 mars pour déposer leurs voeux d'orientation sur la plateforme Parcoursup.
Les lycéens de terminale ont jusqu'au 11 mars pour déposer leurs voeux d'orientation sur la plateforme Parcoursup. (Denis Charlet/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 20 janv. 2021 à 07:55Mis à jour le 20 janv. 2021 à 12:21

C'est le premier acte du chemin vers l'enseignement supérieur pour des milliers de lycéens de terminale. A partir de ce mercredi et jusqu'au 11 mars, ils vont pouvoir formuler leurs voeux sur la plateforme Parcoursup . Remplir un tel dossier suppose, en amont, d'avoir choisi son orientation. Les lycéens disposent-ils de toutes les informations et conseils pour le faire ?

Où en sont les 54 heures annuelles promises à chaque lycéen, avec la réforme de 2018 et le transfert aux régions de l'information à l'orientation ? « Pour l'instant, il n'y a pas grand-chose au rendez-vous. Pour beaucoup, c'est de la monnaie de compte, assez peu sonnante et trébuchante, estime le secrétaire général du principal syndicat de proviseurs (SNPDEN), Philippe Vincent. Ces 54 heures ont un côté virtuel, car elles ne sont pas concrétisées en heures dans les dotations globales annuelles des établissements. » Les proviseurs doivent répartir un volume d'heures. « Après avoir assuré les horaires réglementaires et les dédoublements, ces 54 heures se retrouvent souvent en concurrence avec les options facultatives, explique la proviseure (SNPDEN) du lycée Montebello de Lille, Florence Delannoy. On a bien du mal à les trouver. » 

« Fauchés par le Covid »

Ces 54 heures ne sont qu'indicatives. « L'éducation à l'orientation n'est pas une matière à part entière dans l'Education nationale », abonde le député (Génération. s) Régis Juanico, coauteur d'un rapport parlementaire publié cet été avec Nathalie Sarles (LREM).

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Et la crise sanitaire a compliqué la donne. Cette année, les journées portes ouvertes et flyers en ligne ont remplacé les réunions et les échanges des années précédentes. « Il y a eu moins d'interactions que d'habitude avec les lycéens », confirme Nicolas Pistolesi, maître de conférences à l'université de Toulouse-1.

Tous les établissements ne sont pas non plus logés à la même enseigne. Seuls 43 % des collèges et lycées affectent des moyens financiers à l'éducation à l'orientation, indique le rapport parlementaire précité.

Qu'en pensent les régions , censées alimenter les établissements en interventions de chefs d'entreprise et autres témoignages sur les métiers ? « On a été fauchés par la crise du Covid, les régions sont encore en train de structurer leur offre », indique-t-on à l'association Régions de France. Certaines s'apprêtent à publier des informations sur les espaces numériques de travail des établissements. D'autres ont mis en place des agences régionales de l'orientation. D'autres encore ont des bus de l'orientation qui sillonnent les lycées, avec des outils de réalité virtuelle pour faire découvrir les métiers.

Certains vont jusqu'à dire que les 8 millions d'euros accordés aux régions pour le transfert de compétences ne sont « pas un cadeau vu ce que ça coûte ». « Si la réforme n'a pas apporté de valeur ajoutée par rapport à avant, il faudra se demander quel était l'intérêt de faire tout cela, s'interroge l'interlocuteur précité. Si c'est cela le résultat, alors on aura tous échoué. »

« Les termes et les appellations ont changé, mais les ressources auxquelles on a accès sont les mêmes, indique Philippe Vincent. En termes de contenus, il n'y a pas de grande différence entre ce qu'on faisait il y a cinq ans et aujourd'hui. »

Des « professeurs référents »

Tous les regards se tournent désormais vers les enseignants. Lors du lancement de Parcoursup, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, s'était félicité de la mise en place d'un deuxième professeur principal pour aider les lycéens à s'orienter. Mais les proviseurs évoquent leur difficulté de plus en plus grande à trouver des enseignants pour assumer cette mission. Avec la réforme du lycée, la classe traditionnelle a éclaté. Ce qui rend difficile, pour un enseignant, de conseiller un élève qu'il ne connaît pas.

La Cour des comptes avait pointé le problème, dans un rapport publié il y a un an. Elle y évoquait les réflexions de l'Education nationale sur la mise en place de professeurs « référents » dans chaque discipline, pour suivre des groupes d'élèves de la seconde à la terminale. Une expérimentation devait se mettre en place pour la rentrée 2021, non encore confirmée par le ministère de l'Education nationale.

Marie-Christine Corbier

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