Depuis l’annonce, le 26 janvier, de la perte, par la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), du créneau d’octobre qu’elle occupait depuis des années au Grand Palais, à Paris, au profit de son concurrent suisse Art Basel, Michel Filzi ne décolère pas. « C’est une décision brutale, unilatérale », fulmine le patron du groupe RX France, qui possède la marque française ainsi que le salon Paris Photo qui, lui, conserve sa place au Grand Palais.
Cela représente un coup dur pour un groupe qui devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 110,2 millions d’euros en 2021, en baisse de 50 % par rapport à 2019. Mais la filiale du géant anglo-néerlandais RELX, qui se situe dans le trio de tête des organisateurs de salons en France après Comexposium et GL Events, paie le prix d’un séisme plus ancien, lié à la rencontre entre deux mondes situés aux antipodes l’un de l’autre.
D’un côté se trouve une multinationale hautement hiérarchisée, les yeux rivés sur les bilans financiers, de l’autre, le monde de l’art, qui prise le glamour et les marques d’attention. « Le groupe est très bon dans les salons industriels, admet Jean-Daniel Compain, qui a longtemps piloté son pôle culture et loisirs, mais il n’a aucune vision pour les salons grand public, qui gagnent de l’argent mais sont moins rentables que les foires professionnelles. » Aussi les galeries, souvent furieuses du coût des prestations, n’ont-elles pas volé à son secours.
« Un défi permanent »
La FIAC et Paris Photo, qui comblaient le déficit d’image du groupe, ont un temps bénéficié d’un traitement de faveur. « Mais voilà trois ou quatre ans, le siège a voulu mutualiser les procédures, les logiciels, le back-office, rappelle Amélie (le prénom a été changé), ancienne responsable des partenariats chez RX France. Il fallait se battre pour rester l’exception. Avec un budget contraint et des objectifs qui augmentent, c’était un défi permanent de maintenir le haut niveau de prestation requis. »
Un défi encore plus grand après le plan social draconien mené à l’automne 2021 : 235 postes ont été supprimés sur près de 600, soit 40 % des effectifs. « On nous demandait de faire plus avec moins, d’organiser deux salons à la fois, sans revalorisation très claire de salaire », raconte Rémi (son prénom a été modifié), un ex-cadre qui a préféré partir avec « un package avantageux ».
Comme tous les professionnels de l’événementiel, RX France, né de la fusion en 2021 de Reed Expositions France et de Reed Midem, subit les affres durables de la crise liée au Covid-19. En 2020, ces deux sociétés cumulaient 71,5 millions d’euros de pertes. Les chiffres de 2021 ne sont pas encore disponibles, mais, d’après nos informations, RX France devrait connaître un déficit de 22,7 millions d’euros.
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