« Elle est magnifique ! », s’enthousiasme Emmanuel Macron. Malgré sa petite taille – 47 centimètres – et ses 4 500 ans d’âge, la statue du Scribe accroupi dévore tout l’espace dans le Musée du Louvre-Lens, à qui l’œuvre a été prêtée pour fêter son dixième anniversaire. Arrivée discrètement la veille du Musée du Louvre à Paris, la figure de pierre calcaire a été installée mercredi 2 février, quelques heures avant la visite du chef de l’Etat, venu saluer la réussite de l’établissement artésien, aujourd’hui troisième musée le plus important de province, derrière le Mucem (Marseille) et le Musée des Confluences (Lyon).
Ce prêt du Scribe accroupi, prévu pour une durée de onze mois, est le premier acte fort de Laurence des Cars, la nouvelle présidente du Louvre, nommée en mai 2021 par M. Macron. Lors de son inauguration, en décembre 2012, le Louvre-Lens avait obtenu de pouvoir exposer La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix.
Depuis, le musée parisien a prêté quelque 3 300 œuvres à sa petite sœur des Hauts-de-France, parmi lesquelles des tableaux de Raphaël, Ingres, Rembrandt, Vermeer… Mais aucune de l’envergure de la statue égyptienne, dont les yeux en cristal de roche poli subjuguent les égyptologues depuis près de deux siècles.
« Ce prêt, j’y ai pensé dès mon arrivée car je voulais un symbole fort pour fêter l’anniversaire du Louvre-Lens, explique Laurence des Cars au Monde. Le Scribe accroupi est une des œuvres les plus célèbres et les plus aimées du Louvre. Et son prêt coïncidait avec le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, qui fera l’objet d’une exposition à Lens en septembre. » La sculpture n’avait quitté qu’une seule fois le Louvre depuis son entrée au musée, en 1854, lorsqu’elle avait été offerte par l’Egypte au titre du partage de fouilles. Et encore, c’était pour aller au Grand Palais, à deux pas du musée parisien, lors d’une exposition consacrée aux pyramides en 1999.
Une décennie de développement
Pour Mme des Cars, la statue égyptienne est aussi l’occasion de rappeler que le Louvre est bien plus que le refuge de La Joconde. « Dès le départ, nous nous sommes mis d’accord avec le Louvre-Lens pour ne pas exposer une peinture, afin de montrer que le Louvre n’est pas qu’un grand musée de peintures mais compte aussi des départements majeurs comme celui des antiquités égyptiennes », explique l’ancienne présidente du Musée d’Orsay, qui devrait dévoiler dans les prochains jours les projets qu’elle entend mener durant son mandat au Louvre, débuté le 1er septembre et d’une durée – renouvelable – de cinq ans. Mme des Cars s’est notamment engagée à créer un nouveau département consacré à Byzance et aux chrétiens d’Orient.
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