Recours de 3000 soignants devant le Conseil d’État : «Le Ségur de la santé a créé des injustices salariales»

La revalorisation salariale à destination des soignants, adoptée après le Ségur de la santé, n’est pas la même pour tous. Deux professionnels de santé ayant la même ancienneté, le même diplôme et exerçant dans le même service peuvent avoir une différence de salaire de 400 euros. Un collectif de soignants dénonce une discrimination.

Près de 3000 professionnels de santé déposent un recours devant le Conseil d’État pour dénoncer des inégalités salariales à la suite du Ségur de la santé. (Illustration) LP/Fred Dugit
Près de 3000 professionnels de santé déposent un recours devant le Conseil d’État pour dénoncer des inégalités salariales à la suite du Ségur de la santé. (Illustration) LP/Fred Dugit

    Un véritable dégoût : « C’est comme ça qu’on nous remercie après deux ans à gérer la pandémie, j’ai beaucoup d’amertume, c’est un manque de respect ! » Comme nombre de ses collègues, Khadija, 54 ans, infirmière depuis 29 ans et en poste dans un hôpital parisien, est encore abasourdie par les revalorisations salariales issues du Ségur de la santé. « Leur soutien, c’était juste des annonces, cela a créé des injustices, une discrimination, reprend-elle. Dans mon service qui compte 16 infirmières, nous sommes deux dans ce cas, nous allons perdre jusqu’à 400 euros par mois par rapport à nos collègues qui ont le même diplôme et la même ancienneté. » Tout cela pour une histoire de statut administratif, choisi en 2010.

    Avec près de 3000 autres soignants représentant une quarantaine de corps de métiers différents, elle vient de déposer un recours auprès du Conseil d’État. Les différents ministères concernés (Santé, Économie, Collectivités), saisis par les magistrats, ont désormais jusqu’à mi-mars pour tenter de plaider leur cause. « Nous avons estimé qu’il s’agissait d’une erreur manifeste d’appréciation et qu’il y avait une rupture claire d’égalité, appuie Me Louis le Foyer de Costil, qui défend ce collectif de professionnels de santé oubliés, basé à Paris. Cette différence de revalorisation salariale n’est pas logique et pas proportionnée. »