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Présidentielle : les grandes écoles s'inquiètent de la baisse des mathématiques au lycée

« Le tronc commun du lycée n'est pas assez large », déplore le président de la CGE Laurent Champaney qui revendique « un socle scientifique suffisant », pour tous. Dimanche, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a indiqué qu'il faudrait « probablement » ajouter des mathématiques dans le tronc commun de première et terminale pour que « l'ensemble des élèves » aient davantage de « culture mathématique ».

« Beaucoup de jeunes, de milieu populaire ou de classes moyennes, ont l'impression que le système des grandes écoles ne leur est pas accessible », regrette la CGE qui revendique 30 % de boursiers dans ses écoles (Photo : Grenoble Ecole de management).
« Beaucoup de jeunes, de milieu populaire ou de classes moyennes, ont l'impression que le système des grandes écoles ne leur est pas accessible », regrette la CGE qui revendique 30 % de boursiers dans ses écoles (Photo : Grenoble Ecole de management). (Laurent COUSIN/HAYTHAM-REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 7 févr. 2022 à 12:25Mis à jour le 7 févr. 2022 à 13:42

Préparer au mieux les jeunes à l'entrée dans l'enseignement supérieur, en mettant l'accent sur l'orientation : c'est l'une des propositions phare que la Conférence des grandes écoles a présentée vendredi, en vue de l'élection présidentielle.

Dans la campagne, les candidats ont jusqu'ici abordé le sujet de manières diverses , mais en étant rarement précis. Pour la Conférence des grandes écoles (CGE), l'orientation, régulièrement épinglée , doit permettre d'éviter l'autocensure et des poursuites d'études « genrées ».

« Le jeu du mistigri »

Elle part de la situation actuelle et des 54 heures annuelles dédiées à l'orientation pour chaque lycéen, qui ne sont pas encore une réalité . « Certains lycées s'en sont emparés, pas d'autres », explique Pierre Mathiot, secrétaire général de la CGE et inspirateur de la réforme du bac. Il déplore aussi « le jeu de mistigri entre l'Education nationale et les régions », du nom de ce jeu de cartes pour enfants dans lequel le mistigri est le chat que personne ne veut dans son jeu…

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Pour que les 54 heures soient « effectivement utilisées partout pour préparer à l'orientation », Pierre Mathiot suggère que « les grandes écoles s'emparent de l'enjeu de l'orientation en allant plus systématiquement dans les lycées, soit physiquement, soit via des capsules vidéo ».

D'abord, pour « réduire la distance sociale » avec certains jeunes. « Beaucoup d'entre eux, de milieu populaire ou de classes moyennes, ont l'impression que le système des grandes écoles ne leur est pas accessible », regrette la CGE qui revendique 30 % de boursiers dans ses écoles. Et glisse, au passage, que « dans les cursus de droit, d'histoire ou de médecine, on a souvent moins de boursiers que dans la plupart des grandes écoles publiques ».

« Un professeur orientateur »

Pierre Mathiot suggère aussi « d'inventer un statut de professeur orientateur », destiné à « des professeurs volontaires ». Ces derniers seraient « dûment formés » pour faire le lien avec l'enseignement supérieur et, « en contrepartie, bénéficieraient d'une quote-part de leur service d'enseignement qui serait consacré à cela ».

Derrière une meilleure orientation, les grandes écoles espèrent aussi des études moins « genrées ». Les directeurs d'écoles d'ingénieurs alertaient dernièrement sur le manque d'ingénieurs, et notamment de filles, dans les filières scientifiques. « Le tronc commun du lycée n'est pas assez large », déplore le président de la CGE Laurent Champaney, qui revendique « un socle scientifique suffisant », pour tous, « en sciences, en sciences de l'ingénieur, et sur la culture ».

Alerter contre « les diplomations incertaines »

Faut-il, dès lors, réintroduire les mathématiques dans le tronc commun de première et de terminale ? « Le prochain ministre de l'Education nationale devra forcément se poser cette question », confie un fin connaisseur du sujet.

L'enseignement scientifique qui est aujourd'hui dans le tronc commun « devrait être réarticulé, réorienté avec la question de l'enseignement des mathématiques », glissait aussi Pierre Mathiot. Avant que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, n'affirme dimanche, sur CNews, qu'il faudrait « probablement » ajouter des mathématiques dans le tronc commun de la classe de première et terminale pour que « l'ensemble des élèves » aient davantage de « culture mathématique ».

L'orientation, pour les grandes écoles, c'est enfin accroître « la lisibilité de l'offre » et alerter les jeunes et leurs familles sur « la croissance d'un très grand nombre d'écoles privées qui ne délivrent pas de diplômes reconnus par l'Etat et proposent des prestations d'enseignement incertaines, avec des diplomations incertaines, et des coûts de formation très élevés ». Laurent Champaney dénonce « une marchéisation excessive de l'enseignement supérieur ». La CGE peut « contribuer à réguler » ce marché, et alerter les lycéens contre « un certain nombre d'officines privées lucratives ».

Marie-Christine Corbier

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