“La fusion des universités européennes n’est plus un rêve”, titre El País. Il existe déjà quarante et une alliances entre établissements d’enseignement supérieurs disséminés un peu partout en Europe et il d’ores et déjà possible d’entamer un cursus en Espagne, de le poursuivre en Irlande et de l’achever en Italie. “La Commission européenne travaille maintenant à la création du diplôme communautaire et lance la carte d’étudiant européenne”, annonce le quotidien espagnol.

Le Néerlandais Rij Mathot, 25 ans, prépare un master en développement durable intitulé Global Challenges for Sustainability, une formation conçue en commun par l’Université de Barcelone, le Trinity College de Dublin, l’Université d’Utrecht, l’Université Loránd-Eötvös à Budapest et l’Université de Montpellier. Son premier semestre d’études s’est déroulé à Barcelone, le second se passera à Utrecht et une troisième destination reste encore à déterminer :

Chaque jour, un enseignant dispense son cours sur l’un des campus. Sur chacun des différents sites, une vingtaine d’étudiants le suivent à distance et travaillent avec ceux de leurs condisciples qui vivent ailleurs en Europe via une plateforme en ligne. À Barcelone, Rij Mathot côtoie des étudiants qui viennent d’Irlande, du Nigeria, de Belgique et d’Inde.”

Une mise en commun des moyens

Le master qu’obtiendra Rij Mathot portera le sceau des cinq universités qui proposent le cursus qu’il a choisi. Mais la Commission européenne entend maintenant avancer vers la création de vrais diplômes européens. “Les expériences transnationales qui sont facilitées par les alliances entre universités doivent être validées par un diplôme. L’idée est de commencer à déterminer des critères communs car nous devons avoir confiance dans la fiabilité des systèmes éducatifs”, explique Christina Galache, conseillère Education au sein de la représentation permanente de l’Espagne auprès de l’Union européenne.

Plusieurs grandes universités espagnoles sont partie prenante des alliances qui se sont déjà formées. Outre l’université de Barcelone et le réseau qu’elle a constitué avec quatre autres campus européens, l’Université de Saragosse préside depuis 2020 UNITA-Universitas Montium, une alliance qui réunit cinq autres universités : l’Università degli studi de Turin, l’Université Savoie Montblanc de Pau-Pays de l’Adour, l’Universidade da Beira Interior, au Portugal et l’Universitatea de Vest à Timişoara. “Tous les établissements partenaires partagent les même défis en matière de recherche : ils se situent dans des zones frontalières et montagneuses, au climat rigoureux et aux populations clairsemées.”

Quant à l’université de Grenade, qui reçoit chaque année 1 600 étudiants Erasmus, elle coordonne l’alliance Arqus au sein de laquelle les universités de Bergen, Graz, Leipzig, Lyon et Padoue ont mis au point un cursus commun en cybersécurité.

“Les alliances européennes sont bonnes du point de vue du financement – car l’Europe apporte sa contribution – et la mise en commun des moyens permet d’améliorer à la fois la gestion, la recherche et l’enseignement”, soulige Dámaso López, vice-recteur l’université Complutense de Madrid. L’alliance formée par la Complutense avec la Sorbonne et l’université de Bologne, entre autres, se prépare d’ailleurs à inaugurer un diplôme en études européennes coordonné depuis Louvain.

Un projet de diplôme européen doit être mis à l’essai dès cet année, précise El País. Pour commencer, les étudiants concernés recevront un simple certificat qui attestera de la dimension particulière de leur formation. Mais bientôt un vrai diplôme européen, reconnu par tous les Etats membres, devrait être disponible dans un format unique et facilement authentifiable.