Depuis le 1er janvier, Peggy Donck, ex-directrice de production de la Compagnie XY, a pris les manettes du Centre national des arts du cirque (CNAC), établissement de formation supérieure artistique, de ressource et de recherche consacré au cirque contemporain, basé à Châlons-en-Champagne (Marne). Succédant à Gérard Fasoli, elle est la première femme à diriger cette école supérieure qui propulse depuis sa création, en 1985, nombre des metteurs en scène et artistes les plus en vue du secteur et du spectacle vivant comme Johann Le Guillerm, Mathurin Bolze ou Vimala Pons. Chaque année, une quinzaine de jeunes sortent du CNAC après avoir suivi un cursus de trois ans culminant dans une quatrième année de professionnalisation avec la présentation d’une pièce signée par une personnalité reconnue.
Quel est l’enjeu central de votre direction ?
Dans le contexte actuel de la crise sanitaire et l’embouteillage de spectacles à l’affiche, j’ai envie de préparer les étudiants à se professionnaliser de façon plus pointue en remettant les élèves en prise avec le milieu théâtral, chorégraphique, musical et des arts plastiques. Depuis vingt-cinq ans, je travaille dans la production de spectacles de cirque, notamment avec la Compagnie XY, qui intègre tous les quatre ans depuis 2005 des acrobates issus, pour la majorité, des écoles supérieures de cirque européennes dont le CNAC. J’ai pu observer de près les qualités et les faiblesses des étudiants. Excellents techniquement, ils me semblent en revanche manquer de références et d’accompagnement artistiques.
Comment cela se traduit-il dans les axes de l’enseignement que vous allez mettre en place ?
Il faut que les élèves sortent encore davantage de ce côté sportif de leur discipline. J’adore la technique à condition qu’elle ne devienne pas une sorte de démonstration mais soit au service d’une histoire ou d’un propos. Je compte donc remettre les artistes au cœur du projet pédagogique pour réinjecter du vivant, favoriser l’émulation nécessaire à une école d’art. Je vais créer un comité artistique avec des personnalités de tous les horizons. Parallèlement à leur propre recherche qu’elles partageront avec les étudiants, elles donneront des ateliers mais seront aussi là pour dialoguer avec eux. Pour reprendre la formule du philosophe Gilles Deleuze : « On n’enseigne pas ce que l’on sait mais ce que l’on cherche. »
Les relations avec la danse en particulier et le théâtre ont contribué à construire l’identité du CNAC et plus largement celle des arts de la piste depuis plus de vingt-cinq ans. Comptez-vous renouveler ce dialogue et comment ?
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