Publicité

Artisanat d'art, l'arme fatale du luxe français

Plisseurs, orfèvres, bottiers, patronniers, modistes, brodeurs, gantiers… Ces métiers d'artisanat d'art, inconnus du grand public, sont l'essence du luxe. Jusqu'ici peu valorisés, les maisons de mode mettent désormais la lumière sur ces artisans de l'excellence.

Dans le cadre de l'initiative «Hand in Hand», le sac Baguette de Fendi a été réinterprété par des artistes italiens sélectionnés par la marque pour représenter des savoir-faire uniques. Ces sacs sont exposés jusqu'au 27 novembre au Palazzo della Civiltà à Rome.
Dans le cadre de l'initiative «Hand in Hand», le sac Baguette de Fendi a été réinterprété par des artistes italiens sélectionnés par la marque pour représenter des savoir-faire uniques. Ces sacs sont exposés jusqu'au 27 novembre au Palazzo della Civiltà à Rome. (DR)

Par Anna Rousseau

Publié le 20 janv. 2022 à 18:40

Ce 20 janvier, Emmanuel Macron inaugure officiellement le 19M, ce spectaculaire bâtiment triangulaire imaginé par l'architecte Rudy Ricciotti porte d'Aubervilliers, à Paris. Recouvert de fils de béton, conçus comme de gigantesques trames suspendues du toit et tombant vers le sol, l'endroit regroupe onze métiers sur la quarantaine de métiers d'art et manufactures rachetés par Chanel - fournisseurs de la maison de couture et d'autres griffes de luxe - ainsi qu'une galerie.

Depuis mars 2021, le brodeur Lesage et son école de broderie ainsi que Lesage Intérieurs ont pris place au 19M. Tout comme l'atelier Montex et MTX, son département décoration, le bottier Massaro, l'expert en plumes et fausses fleurs Lemarié, le modiste Maison Michel, le plisseur Lognon, l'atelier grand flou Paloma, l'orfèvre Goossens ainsi que le studio de création d'Eres, la griffe de maillots de bain du groupe Chanel… soit en tout, 600 salariés.

Robes de plume et tiares précieuses

Le 7 décembre dernier, la Maison Chanel y a présenté sa collection annuelle des Métiers d'art. Un travail créatif qui célèbre les artisans et fait la démonstration de l'étendue de leur talent au travers de pièces d'exceptions, impressionnantes de techniques : robes de plumes, tiares précieuses, gants rebrodés, escarpins délirants…

Publicité
Le 19M, spectaculaire bâtiment triangulaire imaginé par l'architecte Rudy Ricciotti porte d'Aubervilliers, à Paris, qui regroupera, à partir du 7 décembre 2021, onze métiers sur la quarantaine de métiers d'art et manufactures rachetés par Chanel. 

Le 19M, spectaculaire bâtiment triangulaire imaginé par l'architecte Rudy Ricciotti porte d'Aubervilliers, à Paris, qui regroupera, à partir du 7 décembre 2021, onze métiers sur la quarantaine de métiers d'art et manufactures rachetés par Chanel. Chloe Le Reste

Ce défilé, organisé en décembre chaque année depuis près de vingt ans, n'a rien d'anecdotique : Chanel y fait une véritable démonstration de force. Celle de l'exceptionnelle maîtrise de ses ateliers et de leur puissance manufacturière. La dernière collection des Métiers d'Art a été présentée en décembre 2020 au château de Chenonceau , surnommé château des Dames.

A cette occasion, Virginie Viard, la directrice artistique des collections de mode Chanel, s'était largement inspirée de l'architecture des lieux pour demander l'impossible aux mains des différents ateliers : les lions présents sur les écussons du château avaient été reproduits sur de minuscules boutons, le damier du sol de la grande galerie tissé dans des sacs matelassés, les jardins à la française brodés sur des minaudières pailletées ou du tissu damassé, des châteaux pixélisés en strass sur des ceintures, les passementeries des rideaux interprétés dans de complexes colliers…

Chaque année, Chanel apporte ainsi la preuve que rien n'est impossible pour ses artistes de la mode, dont l'expertise est à l'égal de leur discrétion : ils sont peu nombreux, surchargés de travail, et souvent cachés par les maisons de couture qui veillent jalousement sur le trésor que représente leur savoir-faire.

Célébrer les ateliers

Si pendant longtemps, ces artisans artistes ont évolué en silence et dans l'ombre, ils passent aujourd'hui dans une sorte de clair-obscur : plus tout à fait invisibles, mais pas encore connus. Alors que dans les grandes maisons, il était d'usage de ne communiquer que sur les directeurs artistiques stars, il est désormais de plus en plus courant de célébrer les ateliers. Car l'artisanat d'art fait converger les nouvelles valeurs de l'époque, plus que n'importe quelle égérie : le « made in » local, la pérennité (à la fois des savoirs et des pièces conçus pour durer une vie entière), l'humain, le temps long…

Les ateliers Montex, maison d'art de broderie appartenant au groupe des Métiers d'Art de Chanel depuis 2011. 

Les ateliers Montex, maison d'art de broderie appartenant au groupe des Métiers d'Art de Chanel depuis 2011. ELISE TOIDE

Ces savoir-faire, autrefois ignorés, que certains opposaient même à l'idée plus séduisante d'une technologie synonyme de modernité, ont gagné en glamour. Pour la dernière collection croisière de Dior, présentée au stade panathénaïque d'Athènes en juin 2021 , Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique des collections femmes de la maison, mettait en avant le travail d'artisans d'exception : Aris Tzonevrakis, tailleur brodeur à Argos, en Grèce, et Dimitra Tsalavoutas, modiste dans le port du Pirée, qui a confectionné pour l'occasion des casquettes traditionnelles des marins grecs rehaussées de passementeries réalisées par le Benaki Museum NEMA Passementerie, l'un des plus anciens ateliers de Grèce.

10 000 postes vacants chaque année

Quant à Kim Jones, directeur artistique de Dior Men, il ne tarit pas d'éloges sur la puissance créatrice des artisans d'art : « Le savoir-faire de celles et ceux qui travaillent dans l'atelier de Dior est l'une des sources de mon énergie. Le travail de l'ensemble de ces ouvriers est, en vérité, extraordinaire ». Au lendemain de son défilé, début octobre, Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain, postait sur Instagram à ses 7 millions d'abonnés le cliché d'une pièce de sa collection, taillée comme le maillon d'une chaîne en or, et intitulait sobrement son message : « our savoir-faire ». Si les maisons de couture contrôlent avec une précision de dentellière, la communication autour de ces talents - la concurrence pourrait avoir l'idée de les débaucher -, c'est qu'ils sont rares… et il y a péril en la demeure.

Ces métiers d'artisanat d'art, inconnus du grand public, peu valorisés à l'école, mal identifiés par les conseillers d'orientation, ne recrutent plus suffisamment. « Si l'on ne fait rien maintenant, dans dix ans, nous n'aurons plus de métiers d'art en France », alerte Bénédicte Epinay, présidente du Comité Colbert, la voix du luxe français, qui réunit 90 maisons, de A comme Alain Ducasse jusqu'à Y comme Yves Saint Laurent. Sans les artisans d'art, sans les plisseurs, les ennoblisseurs, les orfèvres, les bottiers, les patronniers, les modistes, les brodeurs et les couturiers, les paruriers et les gantiers, la haute couture à la française n'existe plus. Chaque année, 10 000 postes restent ainsi vacants et la situation va sérieusement se compliquer dans les années à venir avec la pyramide des âges.

Des métiers négligés

Publicité

Comment en est-on arrivé là ? C'est à première vue incompréhensible tant la tradition française en la matière est ancienne et les besoins du luxe importants. Si Paris s'est imposé comme la capitale incontestée de la mode, c'est grâce aux multiples savoir- faire de ses ateliers, à la fois traditionnels et innovants, créatifs et exigeants. « La virtuosité des artisans français a permis d'ancrer la haute couture à Paris, confirme Emilie Hammen, professeure à l'Institut Français de la Mode et directrice de la Chaire Chanel et Le 19M des Savoir-Faire de la Mode, créée en septembre dernier. Ce terroir parisien a été le creuset d'influences cosmopolites, le lieu de conversation d'un échange exceptionnel entre toutes les cultures ».

Le savoir-faire d'excellence des ateliers Dior (collection automne hiver 20022).  

Le savoir-faire d'excellence des ateliers Dior (collection automne hiver 20022). Sophie Carre/Dior

Mais les métiers de la main ont été peu à peu méprisés et sont tombés lentement dans un oubli poussiéreux. « Les métiers de savoir-faire n'ont pas été valorisés depuis très, très longtemps, assure Alexandre Boquel, directeur du développement des métiers d'Excellence chez LVMH et auparavant à la tête de la maison de broderie Vermont. Depuis le XIXe siècle, les métiers de la pensée abstraite ont été mis en avant, alors que les métiers du faire étaient négligés. Il y a donc une grande méconnaissance de ce domaine chez les jeunes, qui n'ont aucune idée de ce qu'est un patronnier ou un sertisseur ! ».

Des formations éclectiques

Il faut bien avouer qu'il est difficile de s'y retrouver dans les méandres de la formation. Selon le Comité Colbert, les CAP, proposés après la classe de troisième, sont engorgés par des adultes en reconversion, qui repoussent les élèves de 14/15 ans. Il existe ensuite un brevet des métiers d'art, puis un bac professionnel artisanat et métiers d'art, qui va jusqu'à l'équivalent licence. On trouve aussi des écoles privées, au niveau pas toujours satisfaisant, des masters privés ou publics, parfois absolument hors pair, et toutes les formations proposées par les maisons elles-mêmes, souvent dans le cadre d'un apprentissage. Un grand mezze où il est d'autant plus facile de se perdre que l'orientation des élèves relève désormais de la compétence des régions, alors qu'elle était auparavant uniquement assurée au niveau national par l'ONISEP.

Les parents s'affolent, les jeunes laissent tomber. « L'urgence est telle que nous allons organiser des Etats généraux des métiers d'art, explique Bénédicte Epinay, pour réunir autour d'une même table tous ceux qui ont intérêt à préserver ces métiers, nos maisons bien sûr mais aussi l'Education nationale, l'Onisep, le Campus des métiers d'art et du design, l'Institut National des Métiers d'Art, etc. Notre intention est que ces Etats Généraux débouchent sur une note blanche qui sera envoyée au Président de la République ».

Ce « Top Maillon » présenté lors de la fashion week début octobre est en étain pur et en laiton d'horloger. Fièrement présenté par Olivier Rousteing sur Instagram, il a déjà été porté sur tapis rouge par l'actrice Elle Fanning, mi-novembre aux In Style Awards de Los Angeles. En tout, il a fallu 5 semaines intenses pour établir cette pièce, depuis la construction de son prototype mousse jusqu'à sa galvanisation après les premiers assemblages des plaques de métal. 

Ce « Top Maillon » présenté lors de la fashion week début octobre est en étain pur et en laiton d'horloger. Fièrement présenté par Olivier Rousteing sur Instagram, il a déjà été porté sur tapis rouge par l'actrice Elle Fanning, mi-novembre aux In Style Awards de Los Angeles. En tout, il a fallu 5 semaines intenses pour établir cette pièce, depuis la construction de son prototype mousse jusqu'à sa galvanisation après les premiers assemblages des plaques de métal. Francesca Beltran

Mais si l'industrie du luxe pousse ainsi les feux, c'est aussi parce que le vent est favorable : depuis la crise du Covid, ses confinements et la montée en puissance du télétravail, les Français s'interrogent sur le sens de leur vie professionnelle. Certains salariés aspirent désormais à quitter les métropoles mais aussi la vie de bureau. Eteindre l'ordinateur et fermer à jamais, la porte de la salle de réunion, virtuelle ou réelle. « Un tiers de la promotion 2021 de l'Institut des Métiers de l'excellence est des personnes en reconversion, qui veulent redonner du sens à leur vie professionnelle, changer de lieu de vie et être en adéquation avec leurs valeurs, autant dans la manière de produire que de consommer », affirme Alexandre Boquel.

Une maison, une terminologie

Xavier Long, responsable ressources et intelligence économique de l'Institut National des Métiers d'Art, insiste lui aussi sur ce phénomène qui prend de l'ampleur : « Nous le constatons tous les jours ici, il y a de plus en plus de gens qui sont prêts à sauter le pas, parce qu'ils connaissent d'autres personnes qui l'ont fait avant eux. ».

Les maisons de couture ne veulent pas laisser passer cette opportunité de recruter autant que possible des bonnes volontés. Tous valorisent leurs artisans, chacun avec sa propre terminologie : ce sont les « Métiers d'exception » pour LVMH, les « Métiers d'art » pour Chanel ou encore les « Métiers du Savoir Faire » chez Hermès ! Tous investissent beaucoup dans la formation, avec des campus entiers, comme chez LVMH qui pourrait loger le sien dans le Musée des Arts et Traditions Populaires, en cours de rénovation par l'architecte Frank Gehry.

Pour ce manteau de shantung brodé à l'extérieur et à l'intérieur de plumes de soie noire par la maison Lemarié, Demna Gvasalia, le directeur artistique de Balenciaga, s'est inspiré des archives de Cristóbal Balenciaga. Cette pièce a nécessité 150 heures de broderie, puis 70 heures d'assemblage. 

Pour ce manteau de shantung brodé à l'extérieur et à l'intérieur de plumes de soie noire par la maison Lemarié, Demna Gvasalia, le directeur artistique de Balenciaga, s'est inspiré des archives de Cristóbal Balenciaga. Cette pièce a nécessité 150 heures de broderie, puis 70 heures d'assemblage. DR

Le groupe Chanel, lui, investit dans des ateliers entiers. « Mademoiselle Chanel, puis Karl (Lagerfeld, NDLR) et enfin Virginie Viard ont toujours été proches de leurs artisans, rappelle Bruno Pavlovsky. Et il a toujours été convenu, plus ou moins tacitement, qu'au moment de leur succession, Chanel serait loyal et les aiderait à pérenniser leur talent et leur savoir-faire. Cela nous a amenés à racheter des maisons, puis à les rassembler dans une filiale dédiée. Nous avons construit le 19M pour leur permettre de continuer à se développer… C'est autant du business qu'une philosophie d'entreprendre ».

Autre spécificité de la maison, les ateliers travaillent pour toutes les marques qui le demandent, et pas exclusivement pour Chanel. « Cela fait partie de leur business model : ces artisans doivent contribuer à la création dans son ensemble, pas à celle d'une unique maison, poursuit Bruno Pavlovsky, qui poursuit, « s'ils ne gagnent pas énormément d'argent, ils n'en perdent pas non plus. Grâce à l'aide de l'ingénierie du groupe, nous leur permettons d'avoir une bonne visibilité financière, de calculer leurs marges et d'accepter que pour quelques pièces d'exception, le prix de vente ne corresponde pas à l'investissement démesuré d'expertise. Tout cela se chiffre de manière précise, et nous les y aidons ».

Pénurie de main-d'oeuvre

Le problème, une fois la diversité des métiers d'art présentée aux candidats à l'artisanat, c'est la réalité du quotidien. Car il s'agit de métiers de production, de postes d'ouvriers. Spécialisés, certes. Créateurs de beauté exquise, évidemment. Mais du travail de la main tout de même, souvent pénible, fatigant, parfois répétitif. Olivier Rousteing, interrogé par le documentariste Loïc Prigent sur le nombre de perles qui recouvraient la robe Fabergé portée par Kim Kardashian le jour de son enterrement de vie de jeune fille, répondit sans ciller : « on a arrêté de compter à 15 000 ». Brodées une par une… « Pour fabriquer notre sac Saint-Clair, entièrement fait main, il est difficile de travailler d'une seule traite, assure ainsi Ramesh Nair, designer de la nouvelle marque de luxe Joseph Duclos, Au bout de trois ou quatre heures, l'artisan doit reposer ses mains, même pour les plus expérimentés, c'est un travail extrêmement minutieux et technique ».

Pour la première de «No Time to Die», le dernier James Bond, Léa Seydoux portait cette robe de soie Louis Vuitton. Pour assembler les différents éléments de cette tenue (robe, cape, ceinture…), il a fallu 220 heures, puis 300 heures pour broder, à la main, les 29 000 sequins qui l'ornent. 

Pour la première de «No Time to Die», le dernier James Bond, Léa Seydoux portait cette robe de soie Louis Vuitton. Pour assembler les différents éléments de cette tenue (robe, cape, ceinture…), il a fallu 220 heures, puis 300 heures pour broder, à la main, les 29 000 sequins qui l'ornent. Gregoire Vielle

Le designer, passé par Hermès soutient qu'« en France, nous acceptons de payer très cher pour des matières premières d'exception. Nous devons aussi valoriser le savoir-faire unique de nos artisans qui transforment ces matières en objets d'art. Dans un pays comme le Japon, les maîtres artisans sont des trésors nationaux… ». Pénurie de main-d'oeuvre oblige, les salaires ont tendance à monter. « Le salaire médian initial que nous versons à nos artisans est supérieur à la moyenne française, et ils ont aussi la participation, l'intéressement et le plan épargne retraite de l'entreprise », assure Alexandre Bocquel, chez LVMH.

Des mains en or

Bruno Pavlovsky, le président des activités mode de Chanel affirme lui aussi que la politique salariale est attractive au sein de la quarantaine de maisons d'art et manufactures. « Ce sont des ouvriers spécialisés, qui ont des mains en or : chaque maison fait en sorte de reconnaître leur valeur. Et sur les dix ou quinze dernières années, nous avons fait évoluer leur package social (prévoyance, mutuelle, retraite…) ».

Inspiré par l'univers aux couleurs contrastées de l'artiste américain Kenny Scharf, cette chemise pour homme Dior Men, entièrement brodée à la main avec incrustation de plus de 1 000 perles de verre, a nécessité 7 000 heures de travail pour la réalisation d'une seule pièce (collection automne hiver 2021). 

Inspiré par l'univers aux couleurs contrastées de l'artiste américain Kenny Scharf, cette chemise pour homme Dior Men, entièrement brodée à la main avec incrustation de plus de 1 000 perles de verre, a nécessité 7 000 heures de travail pour la réalisation d'une seule pièce (collection automne hiver 2021). TangTing

Des plans de carrière sont également proposés, et l'Institut national des Métiers d'Art pousse vigoureusement dans le sens de formations tout au long de la vie : « les outils numériques sont encore mal maîtrisés, l'écoconception peu prise en compte dans les formations initiales, insiste Xavier Long. Dans certains cas précis, comme les personnes en reconversion, on pourrait envisager multiplier les formations courtes pour une formation continue régulière, à des postes et dans des métiers spécifiques, notamment dans l'industrie manufacturière ».

Naturellement, cela ne concerne pas tout le monde. Jacqueline Smeyers-Picot, première d'atelier haute couture de Dior, 47 ans de carrière derrière elle dont 35 ans à former des apprentis, insiste : « Dans ce métier, on apprend tout au long de la vie : on travaille de nouvelles matières, on met au point de nouvelles techniques plus modernes, plus rapides, tout en gardant les gestes premiers. Mais apprendre l'excellence, c'est long, et c'est avec les mains que cela se transmet. Uniquement avec les mains ».

Les écoles de formation des grandes maisons

Toutes les grandes maisons ont désormais une école de formation interne. Voici les principales :

L'Institut des Métiers d'Excellence (LVMH) : ce programme de formations en alternance pour les métiers de la création, l'artisanat et l'expérience client a été créé en 2014. Depuis, 1400 apprentis ont été formés. La promotion 2021 est la plus nombreuse à ce jour : 339 étudiants, de 16 à 60 ans, 24 ans de moyenne d'âge. Un tiers de la promotion est en reconversion.

L'Ecole de l'Amour (Gucci) : lancée en 2018, cette école, lancée dans le Gucci ArtLab, à Florence (Italie), regroupe l'école d'artisanat (6 mois) pour tous les produits en cuir, l'école d'usine, un programme bimensuel dans les usines Gucci, dont l'objectif est de former à la production spécialisée dans le cuir, et l'académie technique, un programme interne visant à offrir une formation technique spécifique aux employés de Gucci.

Chaire Chanel et le19M des Savoir-Faire de la Mode, lancée en septembre 2021 : pas de savoir-faire technique ici - la transmission est assurée au sein de toutes les maisons d'artisanat d'art que possède Chanel -, mais une réflexion menée par des enseignants-chercheurs sur l'industrie de la mode, au sens de « fashion studies », encore peu étudiées en France.

L'Ecole des Savoir-Faire (Hermès) : il s'agit ici d'une formation de 18 mois au métier de sellier maroquinier. Au sein de son CFA (Centre de formation d'apprentis), elle prépare au CAP (Certificat d'aptitude professionnelle) maroquinerie. À l'issue de cette formation, les diplômés peuvent être recrutés au sein de la maison Hermès, dans d'autres entreprises ou exercer en tant qu'indépendant

Anna Rousseau

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité