Nucléaire : EDF va recruter 3.300 techniciens et ingénieurs cette année
Le groupe français va étoffer ses effectifs dans le nucléaire dès 2022 afin de faire face au renforcement de la filière voulu par Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a annoncé jeudi la construction de six à quatorze réacteurs d'ici 2050.
Par Thomas Pontiroli
Les effets du plan Macron sur le nucléaire, dévoilé jeudi, n'ont pas tardé. Ce vendredi matin, EDF a annoncé le recrutement en cours d'année de 3.300 personnes dans le secteur. Le groupe recrutera une moitié de techniciens et l'autre d'ingénieurs, a indiqué un porte-parole aux « Echos », confirmant une information de France Info.
Ces postes seront à pourvoir dans cinq régions en particulier : Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Normandie et Grand Est. Au niveau du groupe, qui emploie 165.000 collaborateurs, EDF prévoit de renforcer ses effectifs à hauteur de 15.500 personnes dont 7.000 en CDI, 1.000 en CDD, 4.000 alternants, « dont une petite moitié finit généralement embauchée », ainsi que 3.500 stagiaires.
Ce plan de recrutement semble toutefois en-deçà du niveau préconisé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui préconise 4.000 embauches d'ingénieurs par an dans la filière nucléaire.
Relance du nucléaire civil
« Le temps de la renaissance du nucléaire est là », a lancé, jeudi, le chef de l'Etat en visite à Belfort, dos à une turbine Arabelle . Ce vaste plan de relance du nucléaire civil vise à renforcer le parc français de six à quatorze réacteurs d'ici à 2050. Le président a pour cela demandé à EDF la construction de six réacteurs de nouvelle génération EPR2, pour une première mise en service à l'horizon 2035. A cela s'ajoute l'étude pour huit de plus pour la fin de la décennie 2040.
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« Concrètement, nous allons engager dès les semaines à venir les chantiers préparatoires », a assuré Emmanuel Macron, promettant « des financements publics massifs de plusieurs dizaines de milliards d'euros » et de « sécuriser la situation financière d'EDF », lourdement endetté - 41 milliards d'euros en 2021. « Je souhaite qu'aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l'avenir », a également martelé le chef de l'Etat, alors qu'une douzaine d'entre eux devaient fermer d'ici à 2035 en plus des deux de la centrale de Fessenheim, déjà arrêtés.
Production en baisse en 2023
Cet élan de recrutement n'a pas empêché EDF d'abaisser, jeudi, sa prévision de production nucléaire pour 2023. C'était attendu, après un premier abaissement des prévisions de production pour l'année en cours . « EDF ajuste son estimation de production nucléaire pour 2023 à 300-330 TWh contre 340-370 TWh précédemment », indique le groupe.
Cet abaissement s'explique par « un programme industriel chargé, avec 43 arrêts de réacteurs pour maintenance et contrôle, dont six visites décennales, auquel s'ajoutent quatre arrêts programmés démarrés en 2022 qui se poursuivront en 2023 », précise-t-il encore. La prévision tient aussi compte « de la poursuite du programme de contrôles et de réparations des tuyauteries potentiellement concernées par la corrosion sous contrainte, dont l'instruction se poursuit ».
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EDF avait annoncé cette semaine devoir arrêter trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour vérifier la présence d'éventuels problèmes de corrosion, et prolonger l'arrêt d'autres unités. Le problème de corrosion sur des systèmes de sûreté a déjà été détecté sur plusieurs réacteurs.
Avec AFP
Thomas Pontiroli