Emploi en 2022 : la filière pharmaceutique recrute à plein

Relocalisation de la fabrication de médicaments en France et départs en retraite provoquent un appel d’air dans ce secteur, particulièrement sous tension depuis le début de la crise sanitaire causée par le Covid-19. Notre enquête sur les opportunités d’emploi qu’offre la filière en 2022.

Saba Macé, technicienne supérieure, est en alternance dans l'usine Delpharm, à Chambray-lès-Tours. L'entreprise recherche 40 personnes en 2022. LP/Stéphane Frachet
Saba Macé, technicienne supérieure, est en alternance dans l'usine Delpharm, à Chambray-lès-Tours. L'entreprise recherche 40 personnes en 2022. LP/Stéphane Frachet

    Notre dossier spécial « Qui recrute en 2022 »

    Un poids lourd. La filière pharmaceutique pèse 125 000 emplois dans l’Hexagone, dont la moitié se trouve dans les trois régions de Polepharma, groupement d’entreprises de la Normandie, d’Île-de-France et du Centre-Val de Loire, ainsi qu’en Auvergne-Rhône Alpes. Le quatuor constitue « l’usine à médicaments » de la France. En 2020, 11 400 personnes ont été recrutées, dont 42 % en CDI. Autant en 2021. Comme 4200 départs en retraite sont prévus d’ici 2025, les vannes restent ouvertes dans les établissements qui fabriquent nos médicaments.

    À Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), la ligne de production débite au quotidien des centaines de petits flacons en verre. L’atmosphère de l’atelier est contrôlée, pour qu’aucune poussière ne subsiste. Tous ceux qui se trouvent là portent un masque, une blouse, une coiffe, des surchausses et se sont longuement lavé les mains au savon. Bienvenue chez Delpharm, discrète usine de médicaments, cachée dans une zone commerciale entre un vendeur de voitures et un Leroy Merlin.

    C’est ici que travaille Saba Macé, en contrat d’apprentissage, parmi les 285 salariés permanents. La précision des gestes, la technicité et l’idée de « sauver des vies », c’est ce qui a attiré cette étudiante iranienne de 26 ans qui a émigré en France à la majorité. Après un an à l’université pour apprendre le français, la diplômée en génie biomédical a tenté la biologie à l’université de Tours. « J’ai vite compris que ce n’était pas pour moi, je cherchais une formation plus concrète », raconte-t-elle.

    Elle s’oriente alors vers un cursus de technicien supérieur en production industrielle de l’Institut des métiers et des technologies (IMT) de la cité tourangelle, école professionnelle délivrant des diplômes dans les industries de la santé et des cosmétiques. L’IMT, qui place tous ses étudiants, est implanté là où les entreprises de santé recrutent : Lyon (Rhône), Évry (Essonne), Val-de-Reuil (Eure), Dijon (Côte-d’Or), Dreux (Eure-et-Loir) depuis l’automne, et bientôt Loos, près de Lille (Nord).

    Du resto à la pharma

    Chez Delpharm, où elle est alternante, Saba Macé est guidée par un tuteur, Sébastien Girardot, qui, en plus de sa fonction de technicien expert production, s’occupe de sa formation. « On insiste beaucoup sur les questions de sécurité avec nos jeunes recrues. Saba est très impliquée et s’est bien intégrée. Elle sera rapidement autonome sur une ligne de production », assure ce quadragénaire qui a débuté… dans la restauration, avant de rejoindre l’industrie, il a y seize ans.

    « Nous sommes nombreux à venir d’autres branches. J’ai renoncé à une vie de restaurateur devant les horaires décalés et les salaires pas toujours au rendez-vous. Dans la pharmacie, j’ai commencé en production, avant de progresser et on m’a confié des responsabilités. La convention collective est plus généreuse », compare-t-il.



    À Tours, Delpharm va étendre son usine et recherche 40 personnes en 2022. Son site de Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), où sont remplies les doses de Pfizer BioNtech contre le Covid-19, en recherche une trentaine. « Le vaccin a fait passer l’effectif de 270 salariés en 2020 à 350 aujourd’hui », constate Catherine Boulangé, ingénieure chimiste de formation, devenue directrice de cette usine stratégique visitée par Emmanuel Macron au printemps dernier. Polepharma pointe cependant des difficultés à recruter dans plusieurs métiers, comme technicien méthodes (Bac + 2), qui organise la production, ou responsable qualité (Bac + 5).

    4000 offres disponibles

    Mezzo voce, des recruteurs assurent que les candidats qui ont le profil de technicien maintenance (Bac + 2) parviennent à négocier leur salaire. C’est le poste en tension le plus cité par les industriels. « Nous sommes en concurrence avec les autres employeurs sur ces profils », constate Catherine Boulangé, elle-même débauchée alors qu’elle travaillait dans l’automobile.

    Malgré l’existence des formations aux métiers de l’industrie pharmaceutique, à commencer par le cursus pharmacie industrielle à l’université, les laboratoires sont en difficulté pour trouver des candidats, d’autant que leurs carnets de commandes augmentent. Sur le site emploi du LEEM, le syndicat professionnel des entreprises du médicament, plus de 4000 offres sont disponibles.

    « La crise du Covid-19 a montré que la France prenait un risque en produisant ses médicaments à l’étranger. L’optimisation des coûts a des limites. D’où la volonté du gouvernement et de l’Europe de relocaliser cette industrie », résume Gaëlle Huon de Penanster, directrice de Delpharm à Chambray-les-Tours. Saba Macé est quasiment certaine de pouvoir transformer son contrat d’apprentissage en CDI.

    Les régions qui recrutent le plus dans le secteur de la santé

    1. Île-de-France
    2. Occitanie
    3. Normandie

    Le Top3 des entreprises qui embauchent

    1. Centres hospitaliers
    2. Korian
    3. Ramsay santé

    Source : Adecco Analytics