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Un testing dans les universités révèle des discriminations lorsqu’on porte un nom de famille maghrébin

Une étude menée sur 600 masters établit que près d’un master sur cinq réserve un accueil discriminatoire à une demande d’un candidat dont le nom est Mohamed Messaoudi.

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Publié le 15 février 2022 à 09h47, modifié le 15 février 2022 à 14h42

Temps de Lecture 4 min.

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Mohamed Messaoudi, Lucas Martin et Thomas Legrand : trois étudiants fictifs bientôt titulaires d’une licence interrogent par écrit des responsables de masters sur les modalités de candidature à leurs formations. Tous trois n’obtiendront pas automatiquement la même réponse, comme le révèle un « testing » réalisé auprès de 19 universités, publié mardi 15 février.

Pour évaluer les discriminations liées à l’origine et au handicap dans l’accès aux formations, une équipe de recherche du tout nouvel Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur (Ondes), piloté par l’université Gustave-Eiffel, a généré plus de 1 800 demandes d’information sur les modalités de candidature. Elles ont été envoyées, en mars 2021, aux responsables de 607 masters, signées par un candidat de référence, un candidat indiquant qu’il se déplace en fauteuil roulant et un candidat avec un nom et un prénom originaires d’Afrique du Nord.

Bilan : 17 % des responsables de master – soit près d’un sur cinq – n’ont pas donné suite ou ont donné une réponse défavorable au mail adressé par Mohamed Messaoudi, tout en ayant répondu à la sollicitation de Thomas Legrand. Dans l’ensemble, Lucas Martin, handicapé moteur, affiche un taux de réponse proche de celui de Thomas Legrand (67,7 % contre 69,7 %). Mohamed Messaoudi se cantonne à 61,1 % de réponses, autrement dit, cet étudiant au patronyme maghrébin se retrouve avec 12,3 % de chances en moins de recevoir une réponse positive à une simple demande d’information.

Les filières attractives les plus concernées

Les comportements discriminants apparaissent très localisés et dépassent 30 % dans 4 établissements sur les 19 testés. Ils sont maximaux dans les filières juridiques, où 33,3 % des masters sont concernés, puis 21,1 % en science, technologie, santé, contre 7,3 % en lettres, langues, arts et sciences humaines et sociales. Derrière ce clivage, la sélection en fonction de l’origine du candidat est avant tout exacerbée par la tension due à l’attractivité de certains masters. Les filières les plus discriminantes sont ainsi celles qui reçoivent le plus de candidatures pour quinze à vingt places offertes : 414 en moyenne, contre 265 candidatures dans le cas des filières non discriminantes.

« Le comportement discriminant sera plus élevé si les masters se trouvent dans une configuration où il y a beaucoup de candidats, où les débouchés professionnels sont avérés, et les salaires élevés », détaille Yannick L’Horty, professeur d’économie à l’université Gustave-Eiffel et coauteur de l’étude avec Sylvain Chareyron, maître de conférences en sciences économiques à l’université Paris-Est Créteil (UPEC) et Louis-Alexandre Erb, chargé d’études à la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Les filières discriminantes sont celles qui assurent la meilleure insertion professionnelle de leurs diplômés et un salaire médian le plus élevé, tandis que les filières non discriminantes offrent une moindre réussite.

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