
Il y a certaines rencontres qui changent une vie. Pour Nicolas Duparcq, ce fut celle d’Arnaud Le Bohec, son professeur au lycée professionnel Les Bourdonnières, à Nantes. Nicolas était en seconde lorsque celui-ci lui parle de « Brio », un dispositif créé par deux grandes écoles de la ville (Centrale et Audencia), qui permet à quelques lycéens socialement défavorisés de suivre, un mercredi sur deux, un programme de culture générale, de sorties et d’aide à l’orientation. Nicolas y est admis et découvre, au fil des discussions avec ses tuteurs étudiants, un autre univers. « Jusque-là, je n’envisageais pas vraiment les études supérieures. Au mieux, un BTS. J’étais très timide et, être en bac pro, en soi, c’est dévalorisant. J’avais de bonnes notes, mais j’avais choisi cette voie parce que je voulais travailler dans une boutique de mangas, gagner ma vie rapidement. » Dans sa famille, personne n’a le bac. Ni son père, plombier aujourd’hui décédé, ni sa mère, fonctionnaire dans une administration décentralisée. Ni ses deux frère et sœur. C’est grâce à Brio que Nicolas apprend l’existence d’une classe préparatoire destinée aux meilleurs bacheliers professionnels – il en existe quatre en France – qui permet, en trois ans, de passer les concours des écoles de commerce.
Celle de Niort n’est pas si loin. Il en parle à son professeur de lycée, qui lui propose de l’emmener en voiture une journée sur place. Là-bas, ils assistent à deux cours, discutent avec les étudiants. Pour Nicolas, ce fut un point de bascule, et le début d’un sentier qui l’a conduit, après la prépa, à intégrer l’école de commerce Audencia, où il étudie actuellement en première année. Il s’y sent comme un poisson dans l’eau, même s’il sait qu’il ne vient pas du même monde que ses camarades, et que tous n’ont pas, comme lui, un prêt de 45 000 euros sur le dos. A Audencia, il préside une association autour de la culture manga et des jeux vidéo pour informer les étudiants sur les débouchés dans ce secteur, vise un échange universitaire au Japon ou en Corée du Sud, suit des cours de japonais « LV3 », et travaille sur un projet entrepreneurial autour de la numérisation des mangas. Un mercredi sur deux, Brio est de nouveau inscrit dans son agenda. Mais, cette fois, en tant que tuteur étudiant.
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