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L’impuissance des politiques d’ouverture sociale dans les grandes écoles

Tutorat, stages d’été, admissions passerelles… Les dispositifs consacrés à la diversité n’ont jamais été aussi nombreux dans les grandes écoles. Pourtant, leur composition sociale est toujours aussi peu représentative de la société.

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Publié le 15 février 2022 à 07h00, modifié le 15 février 2022 à 17h55

Temps de Lecture 8 min.

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Il y a certaines rencontres qui changent une vie. Pour Nicolas Duparcq, ce fut celle d’Arnaud Le Bohec, son professeur au lycée professionnel Les Bourdonnières, à Nantes. Nicolas était en seconde lorsque celui-ci lui parle de « Brio », un dispositif créé par deux grandes écoles de la ville (Centrale et Audencia), qui permet à quelques lycéens socialement défavorisés de suivre, un mercredi sur deux, un programme de culture générale, de sorties et d’aide à l’orientation. Nicolas y est admis et découvre, au fil des discussions avec ses tuteurs étudiants, un autre univers. « Jusque-là, je n’envisageais pas vraiment les études supérieures. Au mieux, un BTS. J’étais très timide et, être en bac pro, en soi, c’est dévalorisant. J’avais de bonnes notes, mais j’avais choisi cette voie parce que je voulais travailler dans une boutique de mangas, gagner ma vie rapidement. » Dans sa famille, personne n’a le bac. Ni son père, plombier aujourd’hui décédé, ni sa mère, fonctionnaire dans une administration décentralisée. Ni ses deux frère et sœur. C’est grâce à Brio que Nicolas apprend l’existence d’une classe préparatoire destinée aux meilleurs bacheliers professionnels – il en existe quatre en France – qui permet, en trois ans, de passer les concours des écoles de commerce.

Celle de Niort n’est pas si loin. Il en parle à son professeur de lycée, qui lui propose de l’emmener en voiture une journée sur place. Là-bas, ils assistent à deux cours, discutent avec les étudiants. Pour Nicolas, ce fut un point de bascule, et le début d’un sentier qui l’a conduit, après la prépa, à intégrer l’école de commerce Audencia, où il étudie actuellement en première année. Il s’y sent comme un poisson dans l’eau, même s’il sait qu’il ne vient pas du même monde que ses camarades, et que tous n’ont pas, comme lui, un prêt de 45 000 euros sur le dos. A Audencia, il préside une association autour de la culture manga et des jeux vidéo pour informer les étudiants sur les débouchés dans ce secteur, vise un échange universitaire au Japon ou en Corée du Sud, suit des cours de japonais « LV3 », et travaille sur un projet entrepreneurial autour de la numérisation des mangas. Un mercredi sur deux, Brio est de nouveau inscrit dans son agenda. Mais, cette fois, en tant que tuteur étudiant.

Le programme Brio fait partie des multiples dispositifs mis en avant dans un « Livre blanc des pratiques en faveur de l’égalité des chances », publié par la Conférence des grandes écoles (CGE) mercredi 16 février. Un rapport qui recense l’ensemble des actions prises par ces quelque 200 établissements au cours des quinze dernières années – la précédente version datait de 2010. Stages d’été pour faire découvrir les sciences à des collégiens, programmes de soutien scolaire, admissions parallèles au compte-gouttes réservées à des élèves repérés par des associations, bourses, dispositifs qui ciblent les lycéens des territoires d’outre-mer… Des programmes fondés sur beaucoup de bonne volonté, financés par des fondations ou par une subvention attribuée par le ministère de l’enseignement supérieur sous le label des Cordées de la réussite. « Plus que jamais, les grandes écoles multiplient les efforts, tant humains que financiers, pour être un miroir de la société et un tremplin vers la réussite de toute la jeunesse », écrit la CGE, qui, en cette période de campagne présidentielle, tient à montrer son implication dans ce domaine.

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