Dans son rapport annuel publié mercredi 16 février, la Cour des comptes consacre son deuxième chapitre à l’efficacité des mesures de soutien de l’Etat à la vie étudiante. Sont passées en revue les actions menées en faveur des étudiants durant la crise sanitaire. Le bilan est jugé « décevant ». Notamment, explique-t-elle, parce que la précarité étudiante est « une notion mal cernée » par le ministère de l’enseignement supérieur, les publics fragiles n’étant pas nécessairement bénéficiaires des bourses sur critères sociaux.
A partir de mars 2020, les aides ont été réelles, l’Etat ayant déployé moult mesures pour permettre aux étudiants de faire face à la crise. Cependant, la plupart ne sont montées en puissance que fin 2020, observe la Cour, avec le versement automatique d’une aide exceptionnelle de 150 euros à l’ensemble des boursiers sur critères sociaux puis, début 2021, l’élargissement du bénéfice du repas à 1 euro aux étudiants non boursiers et la mise en place du dispositif Santé Psy Etudiant.
Cet élargissement paraît à la fois « tardif » et « en retrait par rapport à d’autres aides sociales d’urgence décidées par l’Etat pour des jeunes non étudiants en situation de précarité ». Au total, au regard de l’action du ministère de l’enseignement supérieur, « le résultat est, dans l’ensemble, décevant et n’est pas à la mesure des enjeux », juge la Cour. « En l’absence de connaissance précise de la population étudiante et de ses besoins, et de données fiables sur la notion de précarité étudiante, les pouvoirs publics n’étaient pas préparés à faire face à une crise majeure », analyse-t-elle.
Faute de telles données, les magistrats financiers ont mené leur propre consultation, à l’été 2021, auprès de 6 000 étudiants et 2 000 anciens étudiants. Ils ont observé que le ciblage de certaines mesures a « souffert d’insuffisances qui en ont amoindri l’efficacité ». Alors que 39 % des sondés ont indiqué avoir subi des pertes de revenus liées à la crise sanitaire à hauteur de 141 euros par mois en moyenne, la majorité n’a pas touché l’aide de 200 euros mise en place en faveur des étudiants ayant perdu leur emploi ou leur stage. « Cette mesure n’a pas trouvé son public », constate le rapport, qui souligne l’écart entre les 23 429 bénéficiaires et les estimations qui avaient été faites par le ministère, à hauteur de 510 000 étudiants.
Cibler les bourses au plus près de la précarité
Le sondage de la Cour indique que 56 % des jeunes n’ont pas pu prétendre à cette aide dont les critères ont été conçus « pour éviter d’éventuels effets d’aubaine et limiter le coût de [la] mesure », tacle la Cour.
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