« Déshabiller Pierre pour habiller Paul », « couper là où il reste du gras », « réduire les budgets comme peau de chagrin »… Les métaphores ne manquent pas, dans les rangs des enseignants, pour dénoncer la répartition des moyens en prévision de la rentrée 2022. Dans certains collèges et lycées, la baisse des budgets se fait durement ressentir en cette fin d’hiver, saison des négociations sur la « dotation horaire globale », l’enveloppe d’heures allouées à chaque établissement pour fonctionner.
Selon le SNES-FSU, majoritaire dans le second degré, des « mobilisations » seraient en cours dans une soixantaine d’établissements du secondaire, en majorité des collèges. Dans l’enseignement primaire, quelques écoles par département sont « en lutte » contre des fermetures de classes. Des rassemblements sont parfois prévus cette semaine, notamment dans les académies de Créteil et de Versailles, à l’initiative d’enseignants et de parents.
A entendre l’éducation nationale, les chiffres sont pourtant bons : avec 67 000 élèves en moins dans le premier degré à la rentrée 2022, et 6 000 élèves en moins dans les collèges et lycées, l’institution peut se targuer d’augmenter le « taux d’encadrement » dans le premier degré, malgré la suppression de 400 postes à l’échelle nationale.
Ceux-ci sont, en outre, compensés par des postes « équivalents temps plein », dont plus de 1 600 correspondent à des stagiaires qui seront à plein temps dans les écoles à partir de la rentrée, en vertu d’une réforme du concours d’accès au métier d’enseignant.
Perte des moyens « d’accompagnement »
Dans les établissements, ces calculs sont dénoncés comme une « gestion comptable » indifférente aux réalités. Une guerre des chiffres qu’entendent bien gagner ceux qui tiennent le registre des baisses de dotation.
Sur plusieurs années, celles-ci sont parfois très nettes, en particulier dans les collèges de l’éducation prioritaire (REP ou REP+) : ici, ce sont 90 heures supprimées depuis 2017. Là, quatre heures par élève et par semaine, « ce qui fait beaucoup sur quatre années de collège », souligne un enseignant de collège REP+ à Nantes. Ailleurs, on dénombre une classe de moins dans chaque niveau sur cinq ans. Des baisses justifiées par les évolutions démographiques, assurent les rectorats. « Faux », répondent les enseignants.
Les conséquences des baisses de moyens sont variables d’un établissement à l’autre. Leur impact le plus « visible » reste la fermeture d’une classe, qui fait augmenter le nombre d’élèves dans les autres. « Avec une 2de en moins, nous risquons de nous retrouver avec des classes de trente-six élèves », s’inquiète Laurent Murati, professeur de français syndiqué au SNES-FSU du lycée Pyrène, à Pamiers (Ariège) – une commune dont le centre-ville est classé quartier prioritaire, avec un taux de pauvreté de 46 %.
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