Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Génération Covid : comment deux ans de pandémie ont durement affecté les étudiants

Le distanciel, l’isolement et le manque de suivi laissent des traces chez ceux qui ont commencé des études supérieures depuis le début de la crise sanitaire.

Par 

Publié le 16 février 2022 à 05h00, modifié le 17 février 2022 à 12h26

Temps de Lecture 9 min.

Article réservé aux abonnés

De cette séparation, il s’en souvient comme si c’était hier. « C’était le 22 février 2021 », récite Pierre Sokol. Ce jour-là, l’enseignant, traumatisé par le divorce des Daft Punk, a «évidemment» passé un morceau du duo électro à ses plus jeunes étudiants. Une sorte d’« icebreaking musical », histoire de réchauffer l’atmosphère des cours forcés en visio. En près de deux années de crise sanitaire, le professeur en techniques de commercialisation à l’IUT de Paris a eu le temps d’installer un rendez-vous bien à lui pour motiver ses troupes : de Lenny Kravitz à Clara Luciani ou Samantha Fish, les élèves ont toujours tendu l’oreille avant d’entamer leur séance de marketing. « Ça a permis de faire baisser la pression, de ramener un peu d’humain », assure Pierre Sokol, qui a dû repenser toute sa pédagogie, favoriser l’interactivité, insister sur la mémoire auditive et visuelle, ralentir pour ne perdre personne en chemin.

Depuis le choc du premier confinement au printemps 2020, professeurs et étudiants ont pu, au moins en pointillé, retrouver les bancs et les couloirs de leur établissement – qu’ils soient en IUT, à l’université, en classe prépa, dans une grande école ou un bachelor privé. Mais les équipes pédagogiques semblent unanimes : le distanciel a laissé des traces chez ceux qui vivent leurs premières années dans l’enseignement supérieur, avec une aggravation des inégalités parmi les publics et les filières. Le tout dans un contexte très particulier : au Covid-19 s’ajoute la réforme du bac 2021, qui transforme le profil de lycéens selon leurs choix d’enseignements de spécialité.

Disparition de l’étudiant moyen

Comme nombre de ses collègues, Claire Dartyge, professeure de mathématiques à l’université Toulouse-III-Paul-Sabatier, observe une « dichotomie entre ceux qui résistent et ceux qui abandonnent ». Avec un effet très net : dans les résultats aux partiels, la frange moyenne a disparu. « Il y a des notes entre 0 et 6, et des notes entre 14 et 20. Presque plus aucune entre 7 et 12. Le distanciel est très nuisible aux personnes tangentes qui ont besoin d’aller en cours pour s’en sortir. L’étudiant moyen affronte des murs tout le temps : personne n’a été présent pour l’aider à les franchir. »

A Paris-I Panthéon-Sorbonne, Paul Rateau, maître de conférences en philosophie, regrette aussi une forme de « sélection naturelle face à la liberté que donne l’université : seuls les plus motivés, les plus travailleurs iront jusqu’au bout. Aujourd’hui, la liberté est celle du chacun pour soi : c’est le mieux disposé socialement et culturellement qui l’emporte ». Lui constate des « résultats catastrophiques » en début de licence et un taux d’échec autour de 60 % aux premières sessions d’examens de 2020 et 2021.

Il vous reste 76.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.