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Jugements

Arnaud Philippe: «Les décisions de justice sont rendues par des êtres incarnés, sociaux, non par un algorithme»

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Dans son essai à paraître jeudi, l’économiste de la criminalité étudie les biais pouvant affecter une décision de justice. Les données révèlent tout un éventail de facteurs pouvant jouer un rôle: genre, couleur de peau, contexte local, couverture médiatique ou même la date d’anniversaire de la personne jugée.
par Chloé Pilorget-Rezzouk
publié le 20 février 2022 à 17h30

Elles sont scrutées, fantasmées, accusées de tous les maux. Les décisions de justice sont au cœur du débat public, a fortiori en pleine campagne présidentielle. En France, 600 000 personnes sont condamnées chaque année. Comment sont déterminées ces peines ? «Ce que les juges ont mangé au petit déjeuner» peut-il changer le cours de la vie d’un homme, comme le dit la célèbre formule du philosophe américain et père du «réalisme juridique», Jerome Frank ? Une étude israélienne – dont la méthodologie a parfois été contestée – a été jusqu’à mesurer que la chance des condamnés de voir leur peine aménagée passait de 65% à 0%, plus l’heure du petit déjeuner s’éloignait. Au-delà de l’esprit des lois, quels facteurs et quels biais pèsent sur un jugement – parfois à l’insu même des magistrats ? Une question vertigineuse qu’explore l’économiste de la criminalité Arnaud Philippe, dans son essai la Fabrique des jugements (1). Pendant dix ans, cet enseignant-chercheur à l’université de Bristol a pu accéder de façon inédite aux données extrêmement précises et fiables que sont celles du casier judiciaire national où sont enregistrés tous les jugements en France (2). Un travail d’analyse majeur qui nous plonge, à mi-chemin entre «formalisme juridique» et «réalisme juridique», dans les coulisses du délibéré.

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