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Présidentielle 2022 : la mixité scolaire, angle mort des programmes

Les candidats engagés dans la course à l’Elysée peinent à se saisir d’un sujet pourtant central sur le terrain de l’école.

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Publié le 22 février 2022 à 03h06, modifié le 22 février 2022 à 15h24

Temps de Lecture 10 min.

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Nour assiste à un cours d’espagnol au collège Emile-Zola, dans le quartier Saint-Michel, à Toulouse, le 8 février 2022. Elle fait partie des 1 100 élèves de deux collèges de la cité ouvrière du Mirail qui ont été progressivement redéployés dans onze établissements des quartiers favorisés de la ville, dans le but d’encourager la mixité sociale.

Mixité sociale, mixité scolaire : difficile d’éviter le sujet quand on débat de l’école. Sur la scène politique, pourtant, on réussit à le tenir à distance : à deux mois de l’échéance présidentielle des 10 et 24 avril, les candidats déclarés se saisissent peu de l’enjeu. Ou à mots couverts, actant qu’il est « plus simple » et électoralement « plus porteur », comme le disent les spécialistes du secteur, de faire campagne sur le lire-écrire-compter ou sur le rétablissement de l’autorité plutôt que sur la lutte contre les inégalités.

Sujet sensible, donc, et qui a un passif. Il y a quinze ans, Nicolas Sarkozy s’engageait pour la droite dans la course à l’Elysée, en faisant de la suppression de la carte scolaire, à l’entrée au collège, l’une de ses mesures-phares. Face à lui, Ségolène Royal s’en emparait aussi, prônant son « assouplissement » et créant un certain émoi au sein du Parti socialiste.

Pour les deux candidats, il s’agissait alors de donner plus de choix (à défaut d’un libre choix) aux familles. A celles, en tout cas, dans les classes moyennes et supérieures, pour qui la carte scolaire, héritage gaullien des années 1960, est un argument de vote. On sait ce qui a suivi sous le quinquennat Sarkozy (2007-2012) : le changement engagé – par le biais d’un système de dérogations – n’a pas bouleversé le paysage scolaire. Et les enquêtes qui se sont succédé, à commencer par celles de l’inspection générale en 2008 et de la Cour des comptes en 2009, ont souligné un risque de ghettoïsation des collèges déjà les plus en difficulté.

« Pas dans le collège de mon enfant »

Trois quinquennats plus tard, alors que le vivre-ensemble et la cohésion sociale sont élevés au rang de priorités pour la nation, et que l’école est mise en demeure d’y contribuer, le chantier de la mixité passe, toujours, pour l’un des plus épineux. « Mêler les publics », selon l’expression des professeurs, reparamétrer un algorithme d’affectation, redessiner le bassin de recrutement d’un établissement, toucher à la composition des classes, aux sections ou aux options, c’est immanquablement s’exposer à un flot de critiques.

En atteste l’actuelle bronca suscitée par le changement de la procédure d’inscription à Louis-Le-Grand et à Henri-IV, deux lycées parisiens (sur une centaine dans la capitale) qui dérogeaient, jusqu’à présent, aux règles d’affectation dans le public, pour sélectionner leurs élèves sur dossier. Comme dans le privé.

« La vraie question, c’est de savoir qui, dans le pays, veut aujourd’hui de la mixité, observe la sociologue Marie Duru-Bellat, coautrice avec François Dubet, entre autres ouvrages, de L’école peut-elle sauver la démocratie ? (Seuil, 2020). Les familles à qui la mixité sert le plus, pour leurs enfants, sont aussi celles qui se font le moins entendre, qui sont les plus éloignées du système scolaire… et qui se déplacent le moins jusqu’aux urnes. »

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