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Education : des pistes pour revoir l'orientation des élèves

Une mission parlementaire dresse un bilan critique des réformes du quinquennat en matière d'orientation. Elle propose de réintroduire partiellement la hiérarchisation des voeux sur Parcoursup, que les élèves testent la plateforme dès la première et que les professeurs portent pleinement cette compétence.

Sur l'orientation des élèves, les parlementaires en appellent à « une instance de pilotage partagé entre l'académie et la région, intégrant des acteurs du monde économique », avec une « véritable politique publique » en amont.
Sur l'orientation des élèves, les parlementaires en appellent à « une instance de pilotage partagé entre l'académie et la région, intégrant des acteurs du monde économique », avec une « véritable politique publique » en amont. (Mathilde MAZARS/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 24 févr. 2022 à 07:30

Ce sont des recommandations parlementaires qui tombent à point nommé, en cette période électorale où les programmes des candidats insistent tous sur l'orientation des élèves. Il faut la « repenser profondément […], pour [éviter] que ce soit un choix soudain où on laisse parfois des familles bien démunies », avait lancé le quasi-candidat Emmanuel Macron, mi-janvier, devant les présidents d'université .

S'il est « trop tôt » pour faire le bilan définitif de la réforme qui a fait l'objet de deux lois en 2018, ses premiers effets montrent qu'il faut la consolider, selon les uns, rectifier le tir diront d'autres. Lors d'une audition à l'Assemblée, mercredi, les députés Sylvie Charrière (LREM) et Frédéric Reiss (LR) ont émis une série de pistes d'amélioration.

Des « erreurs » dans les documents d'information

Car le constat n'est pas bon . Le transfert aux régions de la compétence en matière d'information sur les formations et les métiers a débouché sur des visions « hétérogènes » entre conseils régionaux et sur une répartition des compétences « insuffisamment claire » entre l'Education nationale et les régions.

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En bout de chaîne, les élèves disposent de documents parfois « publiés trop tardivement » par rapport aux dates des procédures d'affectation ou « comportant des erreurs ». « Beaucoup ont regretté l'affaiblissement de l'Onisep », indiquent les députés. « Parfois, le courant ne passe pas, explique Frédéric Reiss. Par exemple, les chambres de commerce disent avoir du mal à entrer dans les établissements scolaires, parfois aussi les régions ont recruté d'anciens psychologues de l'Education nationale, mais les contrats n'ont pas été pérennisés. »

Les parlementaires en appellent donc à « une instance de pilotage partagé entre l'académie et la région, intégrant des acteurs du monde économique », avec une « véritable politique publique de l'orientation » en amont. Avec des moyens financiers - les 8,2 millions d'euros annuels dévolus aux régions sont jugés insuffisants - et des spécialistes, qu'il faudrait recruter, en créant pour cela un master en ingénierie de l'orientation et un nouveau « corps » de professionnels.

Tester Parcoursup dès la première

Les rapporteurs recommandent aussi des changements pour Parcoursup , avec la réintroduction d'une hiérarchisation des voeux dans la phase complémentaire, pour accélérer la procédure. « La découverte très tardive, pour certains jeunes dans la voie complémentaire, d'une affectation en août, les conduit à devoir chercher un logement très tardivement, et c'est de fait très compliqué pour eux de démarrer dans de bonnes conditions », explique Frédéric Reiss.

Les parlementaires recommandent aussi un exercice de simulation grandeur nature dès la classe de première, pour que les candidats se familiarisent avec la procédure et amorcent leur réflexion.

La réforme de l'orientation s'est traduite aussi, au lycée, par l'octroi d'un volume horaire de 54 heures dédié à cette question. Or, ces 54 heures, tout comme les 36 heures prévues en troisième et les 12 heures en quatrième, « ne sont pas généralisées », « pas obligatoires », et donc certains élèves en bénéficient, et d'autres pas. Les parlementaires proposent d'en financer systématiquement une partie au sein de la dotation globale de chaque établissement, en laissant de l'autonomie à l'établissement sur l'autre partie.

Des professeurs « de mauvais conseil »

Les députés veulent aussi un véritable professeur référent, formé, financé, qui les accompagnerait au moins sur les deux années de première et de terminale, voire dès la seconde, par petits groupes de 12 élèves. S'ajouterait à cela la création d'un poste de professeur « coordonnateur orientation », volontaire et formé, qui bénéficierait d'une décharge d'enseignement, et seconderait le proviseur - tenu de faire une présentation de la politique d'orientation (bilan, objectifs, actions), lors du premier conseil d'administration de l'année.

Il serait « le point de contact » avec le monde économique, devrait coordonner les actions d'orientation avec les autres enseignants et faire le lien avec l'enseignement supérieur et l'offre de formations locales, s'occuperait du suivi des anciens élèves. Pour éviter d'avoir des enseignants qui, aujourd'hui, admettent qu'ils sont parfois « de mauvais conseil » pour les élèves, car ils ne sont pas formés.

Certains syndicats considèrent, toutefois, que l'orientation ne relève pas du coeur de leur métier. « Derrière ce sujet, c'est toute la définition du métier d'enseignant qui est en jeu, conclut un fin connaisseur du sujet : un simple passeur de savoirs ou un révélateur de talents. »

Marie-Christine Corbier

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